Au-delà du verdict, ce procès porte une leçon de choses d'une brillante éloquence : la mobilisation extraordinaire d'une partie de la corporation et de la société civile contre cette cabale inqualifiable. Le procès de notre confrère, Ghoul Hafnaoui, qui a polarisé depuis des semaines l'intérêt de l'opinion, s'est achevé, hier, au terme de brillantes plaidoiries de ses avocats, qui se sont succédé à la barre pour démonter les écheveaux d'une cabale qui se voulait “exemplaire” de la part des pouvoirs publics. Le verdict, à savoir deux mois de prison ferme et une amende de 100 000 dinars, pourrait sembler, a priori, “soft” quand on tient compte de la cascade de plaintes, dix-neuf en tout, qui ont été déposées contre ce vaillant journaliste et militant des droits de l'Homme qui a eu la témérité de briser la chape de plomb imposée par les potentats locaux. Mais dans le même temps, le verdict est sévère, car un journaliste n'a pas vocation à aller en prison, comme l'a si bien déclaré hier, au sortir du tribunal, notre confrère Zoubir Souissi. Non que ce journaliste soit au-dessus de la loi, au nom d'un quelconque droit à l'impunité. Mais qu'il ne soit pas voué aux gémonies quand il exerce son métier d'informer en toute responsabilité et en toute conscience. Comme l'a si bien fait Hafnaoui dans la scandaleuse affaire des treize bébés morts d'asepsie. Au-delà du verdict, ce procès porte une leçon de choses d'une brillante éloquence : la mobilisation extraordinaire d'une partie de la corporation et de la société civile contre cette cabale inqualifiable. C'est cette solidarité et cette mobilisation qui ont arraché Hafnaoui de l'anonymat dans lequel il aurait pu mourir, qui a réussi à faire encore reculer l'arbitraire qui pèse sur la presse indépendante. N. S.