Il sera présenté cette semaine devant la chambre d'accusation pour être entendu sur le contenu de 18 autres plaintes. “Soit les faits retenus contre lui sont vérifiés et il devra écoper d'une peine très sévère, soit il est disculpé, donc relaxé. Dans cette affaire, on a pris le bâton par le milieu. Compte tenu de la qualité du plaignant — le wali — Hafnaoui Ghoul devait être condamné. Cela démontre qu'il y a eu pression". Pour Me Ahmin, la sentence prononcée mercredi soir par le juge du tribunal correctionnel de la cour de Djelfa, n'émane pas seulement de la conscience du magistrat. Elle est à la fois politique et symbolique dans la mesure où le correspondant de presse et militant de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'Homme (Laddh) a été puni pour l'exemple. Fort de cette conviction, le collectif de la défense — six avocats en tout —, a décidé de faire appel. "J'ai demandé à Hafnaoui d'entreprendre la même démarche", nous a confié Me Ahmin, hier, au téléphone. L'inculpé devra également faire appel à propos des deux ordonnances de mise sous mandat de dépôt décidées la semaine dernière par le juge d'instruction et relatives à 18 plaintes supplémentaires déposées par certains maires et des directeurs exécutifs de la wilaya. Hafnaoui Ghoul sera présenté dans les tout prochains jours devant la chambre d'accusation pour une énième audition depuis son incarcération le 24 mai dernier. Qu'en sortira-t-il ? Les recours introduits par les avocats plaideront-ils en faveur de sa mise en liberté conditionnelle ? "Tout dépendra du degré de mobilisation", explique pour sa part Me Triki. Selon lui, si la pression médiatique continue, il y a de fortes chances pour que les initiateurs de la cabale judiciaire fassent marche arrière. De mémoire de Djelfi, jamais un procès n'avait attiré autant de monde comme celui de Hafnaoui mercredi. Une très nombreuse assistance, dont des personnalités de la presse venues d'Alger, a assisté à l'audience. “On aurait souhaité que ce soit un procès ordinaire, que Hafnaoui soit jugé pour des faits et non pour sa personnalité, surtout qu'il est la fois journaliste et défenseur des droits de l'Homme", faisait remarquer Me Bourayou quelques minutes avant la lecture du verdict. À l'instar de ses confrères, il était optimiste quant à l'issue du procès. "J'ose espérer que le tribunal ne retiendra que des faits de ce dossier". Ce ne fut pas le cas, d'où la grande déception du collectif de la défense. Scandaleux, aberrant… étaient leurs principaux commentaires. Ne se faisant aucune illusion, Zoubir Souissi a, quant à lui, plaidé pour la dotation du correspondant de presse d'un statut, afin de le protéger des potentats et de la maffia locale. En attendant, la chasse aux voix discordantes se poursuit. Neuf représentants du mouvement des archs du Sud, interpellés, il y a quelques jours, comparaîtront probablement dimanche prochain, devant le juge d'instruction de la cour de Ouargla. Me Ahmin se constituera pour leur défense. S. L. RSF réagit “Libérez Hafnaoui !” “Hafnaoui Ghoul est victime d'une véritable cabale judiciaire. En multipliant les plaintes et les procédures, les autorités brouillent les pistes, au point que nous avons un doute sur l'effectivité du jugement qui l'a condamné. En revanche, nous sommes convaincus de la volonté des autorités de faire taire ce journaliste. Nous sommes, par ailleurs, étonnés de l'énergie dépensée par les pouvoirs locaux pour le maintenir en prison. Nous demandons aux autorités algériennes de libérer Hafnaoui Ghoul et nous réitérons notre appel à supprimer du Code pénal les peines de prison pour diffamation”.