Le syndicat enseignant lance un nouvel ultimatum aux pouvoirs publics et menace, le cas échéant, d'un nouveau débrayage lors de la correction des examens du baccalauréat. À quelques jours de l'examen décisif du baccalauréat, le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) menace, encore une fois, de reprendre le mouvement de protestation. Cette décision, prise jeudi dernier, lors du conseil national extraordinaire du syndicat, a été annoncée hier. Néanmoins, ce syndicat qui bute sur le refus des autorités à reconnaître son existence, donne un ultimatum jusqu'au 24 juin pour que le ministère du Travail et de la Protection sociale délivre le récépissé d'agrément pour activer officiellement. “Si le ministère du Travail et de la Protection sociale ne répond pas à nos revendications, il y aura menace sur la correction”, déclare M. Méziane Mériane, le coordinateur du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique, lors d'une conférence de presse animée, hier, au siège du Cnes à Alger-Centre. Cependant, il explique que si un dialogue “sérieux” avec le pouvoir public n'a pas lieu d'ici au 24 juin, des mouvements de contestation seront enregistrés dans 32 centres de correction à partir du 3 juillet, date du début des corrections. Interrogé sur la forme de la protestation, le responsable du conseil autonome déclare qu'elle n'est pas encore arrêtée. “Nous n'avons pas encore décidé de l'aspect de la contestation, mais nous retenons deux propositions. La première consiste à corriger seulement deux copies par jour et faire des arrêts cycliques, ce qui prolongera la correction à 52 jours ou plus ; la seconde proposition se résume à gonfler les notes durant la correction”, explique-t-il. Néanmoins, il rassure les parents d'élèves que “les épreuves du baccalauréat se dérouleront normalement”. Le syndicat réitère, par ailleurs, sa position quant à la nécessité d'organiser une deuxième session pour le baccalauréat. “La deuxième session est incontournable puisque le rachat est annulé. Celle-ci donnera une seconde chance aux candidats”. Le responsable du syndicat n'a pas manqué de signaler, en outre, que plusieurs enseignants affiliés au syndicat du Cnapest ont été écartés de la correction des épreuves du baccalauréat, dont M. Lamdani, le représentant syndical du bureau d'Alger. Il indique que les professeurs écartés jouissent pourtant d'une grande expérience. À titre de rappel, le numéro “un” du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique déclare que cela fait plus de huit mois que les enseignants ont mis fin à leur contestation mais malheureusement rien n'a été fait, et ce, bien que les enseignants aient tenu leur promesse d'achever le programme scolaire avant les épreuves du baccalauréat. “La revendication salariale n'a pas été prise en charge, c'est pour cela que nous maintenons notre plate-forme de revendications qui consiste en l'augmentation des salaires à 100%, établir un statut particulier pour les enseignants du secondaire et bénéficier d'une retraite après 25 ans de carrière. Nous exigeons, par ailleurs, l'ouverture d'un dialogue sérieux avec les pouvoirs publics” dit-il. M. Méziane Mériane lance un appel aux enseignants du secondaire de se préparer et d'adhérer au mouvement de protestation qui aura lieu à la prochaine rentrée sociale. Il signale à la fin que le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique soutient le mouvement de contestation des enseignants de la wilaya de Béjaïa. N. A. Redouane Osman, coordinateur du CLA “Il faut penser à une autre forme de contestation” “Nous tiendrons nos engagements, même si les pouvoirs publics n'ont pas tenu les leurs”, déclare R. Osmane, coordinateur du Conseil des lycées d'Alger. Avant d'expliquer que son syndicat a promis aux parents d'élèves ainsi qu'aux lycéens de rattraper le retard enregistré durant le mouvement de contestation et préparer les élèves de terminal pour les examens de baccalauréat. Cependant, il s'interroge sur l'utilité de perturber les corrections et les retombés de cette action. “Faire des corrections du baccalauréat un moyen de pression n'implique pas l'ensemble des enseignants, il faut penser à une forme de contestation qui engagera tous les professeurs du pays qui feront pression sur les pouvoirs publics”, affirme Osmane. Et d'ajouter : “Si nous avions fait un arrêt symbolique l'année dernière, c'était pour marquer notre présence sur le terrain, non faire pression sur le gouvernement.” Le responsable du Conseil des lycées d'Alger a signalé, également, qu'il est important de construire une alternative globale autour des revendications possibles, telles que la retraite après 25 ans de service et le statut particulier. Deux revendications que le ministère de l'Education nationale a omis de prendre en charge. “Les pouvoirs publics ne peuvent pas entreprendre des réformes dans le domaine de l'éducation sans revoir les revendications des enseignants.” Cependant, le responsable du CLA lance un appel au Cnapest pour unifier leur actions. N. A.