Le nombre des cours au programme du Bac se réduit comme une peau de chagrin. Quelle crédibilité aura l'examen du Bac? Cette question s'impose au vu des récurrentes menaces de grève brandies par les enseignants. Quel crédit aura le Bac, aux yeux des spécialistes, lorsqu'on sait que le nombre de cours qui seront concernés par cet examen se réduit comme une peau de chagrin? Pour les enseignants, il ne fait aucun doute que le Bac de cette année n'a plus valeur d'une évaluation pédagogique efficiente. «La crédibilité du Bac est sérieusement menacée», a confirmé, hier, Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), joint par téléphone. Hier encore, les enseignants affiliés au Cnapest ont observé une journée de protestation dans plusieurs wilayas du pays. «Plusieurs conseils de wilaya (Cnapest) ont opté pour la grève», a confirmé M.Boudiba. Il s'agit d'Alger, Medéa, Khenchela, Ouargla et Guelma. Les enseignants ont appuyé cette grève par des rassemblements devant les directions de l'éducation des wilayas concernées. L'action contestataire du Cnapest ne s'arrête pas à ce stade. L'autre option choisie est le boycott administratif. Les enseignants ont boycotté l'administration de l'éducation dans une dizaine d'autres wilayas. A ce registre figurent, entre autres, Constantine, Souk Ahras, Sétif, Saïda, Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira et Boumerdès. Au final, pas moins de 15 wilayas sont touchées par ce vent de contestation. A ce rythme, le Cnapest pourrait renouer avec...la grève illimitée. «Tout est possible, au vu des pressions que les pouvoirs publics continuent d'exercer sur nos syndicalistes au niveau des wilayas», a déclaré M.Boudiba sur un ton de menace à peine voilée. Au registre des pressions, notre interlocuteur de citer l'interdiction faite aux enseignants du Cnapest d'accéder aux établissements scolaires, l'empêchement des réunions du Cnapest et les ponctions sur salaires. Aussi, ce syndicat tiendra à la fin du mois son conseil national pour définir les actions à mener dans les semaines à venir. A 43 jours du Bac, la colère des enseignants va crescendo. Le constat est accablant: l'échec pédagogique de l'année scolaire en cours est consommé. En effet, la scolarité de 8 millions d'élèves a été perturbée par des grèves, devenues cycliques. La grève du 8 novembre dernier a duré 21 jours, la seconde, du 24 février celle-ci a pris presque deux semaines. Sans oublier les journées de débrayage renouvelables observées à travers les wilayas du pays. Et au ministre de l'Education, M.Boubekeur Benbouzid d'évoquer «un retard de 10 jours» dans le programme scolaire. Mieux, il a affirmé que sept jours de ce retard ont été déjà résorbés. Catégorique, il a maintenu la date du Bac au 6 juin prochain. Ce faisant, il exclut la possibilité d'une deuxième session de cet examen. Ainsi, les candidats aborderont l'épreuve du baccalauréat dans des conditions pédagogiques et psychologiques des plus aléatoires. Pour rectifier le tir, le ministre a promis que l'examen ne comprendra que les cours dispensés. Dans ce cas, les futurs bacheliers risquent de rater leur cursus universitaire. Ils seront obligés d'entamer leurs études supérieures avec le handicap d'un cycle secondaire inachevé. Surmonter une telle faille ne sera pas une sinécure. En plus, les enseignants menacent de ne pas rendre publiques les copies corrigées du Bac. Autrement dit, même si l'examen se tient à la date prévue, sa validité reste compromise. Surtout que des syndicats ont réitéré la menace de recourir à des journées de grève renouvelables, même après le déroulement des épreuves. C'est le cas du Syndicat national autonome des personnels de l'administration. En effet, le Snapap a appelé à deux jours de débrayage reconductibles par semaine. Ce nouveau cycle de grève sera lancé à partir du 16 juin et la phase des corrections des épreuves risque, fortement, d'être remise en cause. Il serait temps de convoquer la responsabilité morale des enseignants. Le recours systématique à la grève est une arme à double tranchant. Il peut amener les pouvoirs publics à apporter des solutions concrètes aux problèmes posés. Le cas échéant, il peut influer négativement sur le processus scolaire des élèves. A l'évidence, le département de Benbouzid a une grande part de responsabilité dans l'échec scolaire de cette année. Néanmoins, les enseignants ne sont pasexempts de tout reproche. Dans tous les cas de figure, les élèves demeurent les dindons de la farce.