La première journée de l'Euro 2004 de football, samedi, a été mouvementée avec la déroute du Portugal, pays hôte ridiculisé par la Grèce (2-1), leader surprise du Groupe A devant l'Espagne, venue à bout de la Russie (1-0) grâce à Juan Carlos Valeron, buteur, 36 secondes après son entrée en jeu. Le quotidien sportif portugais A Bola (le ballon) barrait dimanche matin sa Une d'un gigantesque “NON” avec des joueurs se lamentant en surimpression. C'est la première fois depuis 1980 qu'un pays hôte perd son premier match dans un Championnat d'Europe des nations. Les Portugais avaient axé leur cérémonie d'ouverture sur l'esprit de conquête, personnifié par leur illustre navigateur Vasco de Gama. Mais le sélectionneur de la Selecçao Luiz Felipe Scolari, à la barre d'un bateau ivre, n'a pu que présenter ses “excuses” aux supporteurs portugais. “Nous avons grillé notre joker”, commentait-il. Une des figures de la génération dorée (championne du monde juniors en 1991), le milieu de terrain Rui Costa, 32 ans, pourrait faire les frais de cette déroute. Le Russie-Portugal du 16 juin au Stade da Luz (Lisbonne) prend déjà des allures de match-couperet pour ces deux équipes. Si la Russie s'est logiquement inclinée, elle a cependant offert une belle résistance dans le sillage du milieu de terrain, Dmitri Alenichev, qui a évoqué après le match l'éventualité d'un départ du FC Porto, son club actuel. Mais l'Espagne peut surtout dire merci à Valeron, 28 ans, le “super remplaçant”, qui rentre et marque en 36 secondes, confiant même avoir eu le temps de “douter avant de marquer”, de “tergiverser avec le ballon”. “Valeron le foudroyant”, s'enthousiasmait, hier, le journal espagnol As. Le défenseur russe Roman Sharonov s'est, quant à lui, distingué en étant le premier joueur exclu de l'Euro 2004 pour deux avertissements (sortie à la 88e). La Grèce ne doit pas sa première place surprise à ses individualités mais à sa défense rugueuse (4 buts encaissés seulement lors des qualifications) et son réalisme (7 tirs dont 2 cadrés seulement face au Portugal). La victoire de samedi fut un cadeau idéal pour le défenseur grec Panagiotis Fyssas, qui fêtait son 31e anniversaire le jour du match. Absente d'une phase finale d'un Championnat d'Europe des nations depuis 1980 (élimination au premier tour), la Grèce pourrait bien élever au rang de demi-dieu son sélectionneur allemand Otto Rehhagel, 65 ans. “Je pourrais être le seul conducteur (à Athènes) à rouler dans la file des bus”, souriait-il. Les Grecs étaient sortis des qualifications devant l'Espagne. Leurs retrouvailles le 16 juin au stade de Bessa (Porto) sont alléchantes. “Ils nous ont battus 1-0 à Saragosse (en qualification de l'Euro) alors que nous avions d'abord gagné 2-0 à Athènes. Depuis, il se sont améliorés, ils sont plus solides. Nous emploierons des armes nouvelles”, prévient Inaki Saez, le sélectionneur espagnol.