La Grèce a créé une des plus grosses surprises de l'histoire du football en remportant l'Euro 2004, hier, à Lisbonne, s'imposant en finale face au Portugal (1-0) au terme d'une rencontre où le pays organisateur, grand favori, ne sera jamais parvenu à forcer le “verrou grec”. C'est grâce à un but de la tête de son attaquant, Angelos Charisteas (57'), déjà auteur du but qui avait éliminé la France, championne d'Europe en titre, en quarts (1-0), que la Grèce s'est offerte la première ligne d'un palmarès jusqu'ici désespérément vierge. Seulement 34e nation au classement de la Fédération internationale (FIFA), l'équipe hellène aura réussi l'exploit de battre deux fois le Portugal, en match d'ouverture (2-1) et en finale ainsi que la France et, en demi-finale, la République tchèque, une équipe qui, jusque-là, avait tout écrasé sur son passage. Conduite de main de maître par son sélectionneur allemand Otto Rehhagel, la victoire de la Grèce — encore plus surprenante que celle du Danemark à l'Euro 92 — ne doit certainement pas faire la joie des “esthètes”, des amoureux du jeu offensif, des débordements et de l'attaque à tout crin. Certes, mais assise sur une solidarité exemplaire, la Grèce n'a pas usurpé son titre. Alors que personne ne l'attendait — qui songeait sérieusement qu'elle parviendrait à s'extirper du groupe A où elle côtoyait le Portugal, l'Espagne et la Russie? — elle s'est érigée en bloc, tellement imperméable qu'il n'encaissa même aucun but à partir des quarts. Les Grecs l'ont bien mérité !