Alors que les actions armées contre les forces de la coalition s'accentuent, les chiites semblent se satisfaire de l'évolution de la situation sur le plan politique. L'on ne peut que s'interroger sur l'Irak au lendemain du 30 juin, date fixée pour le transfert de la souveraineté au gouvernement intérimaire auquel ont abouti les efforts de Lakhdar Brahimi. En effet, nul n'est en mesure d'apporter une réponse à cette question tant il est difficile de se faire un jugement fiable sur la situation actuelle. Au moment où, sur le plan politique, les choses semblent évoluer favorablement pour le gouvernement de M. Iyad Allaoui, sur le plan sécuritaire, aucune amélioration n'est constatée. Chaque jour que Dieu fait apporte son lot de morts et de blessés, dans différentes villes et contrées irakiennes. Les 135 000 soldats de la coalition ne savent plus où donner de la tête, ni à qui se fier devant les attaques armées, les attentats à la voiture piégée et aux engins artisanaux qui les visent quotidiennement, eux et les membres de la police locale qui leur servent d'auxiliaires. Il ne fait aucun doute qu'un stratège militaire est derrière toutes ces opérations bien coordonnées. Les Américains désignent du doigt l'ex-bras droit du président irakien déchu, le général Ezzat Ibrahim, qui demeure introuvable depuis la chute de Bagdad le 9 avril 2003. D'ailleurs, il n'y a pas longtemps, le département d'Etat américain a augmenté la prime de sa capture en la portant de 15 à 25 millions de dollars. La coalition et le gouvernement intérimaire irakien, qui redoutaient cette flambée de violence à l'approche de la date du transfert de la souveraineté, voient leur crainte confirmée sur le terrain. Le sanglant attentat suicide d'avant-hier, qui a fait 22 morts, dont cinq étrangers, et le très lourd bilan du week-end évalué à une cinquantaine de morts, en sont la parfaite illustration. En attendant que les choses se clarifient sur le plan sécuritaire, l'on enregistre des avancées politiquement. Apparemment convaincu par les intentions du gouvernement de mettre fin à l'occupation, comme il l'a exigé, le jeune imam chiite insurgé, Moqtada Sadr, donne l'impression d'être disposé à abandonner son combat armé pour se tourner vers la politique. C'est du moins ce qu'a affirmé son porte-parole, qui n'exclut pas que leur leader chiite forme un parti politique dans la perspective de prendre part aux prochaines élections qui seront organisées en Irak au début de l'année 2005. Il serait même disposé à dissoudre son “Armée du Mehdi” composée de miliciens qui se sont opposés jusque-là aux soldats de la coalition. Cette nouvelle a bien sûr réjoui le Chef du gouvernement irakien, Iyad Allaoui, qui encourage Moqtada Sadr dans cette voie, parce que cela lui enlève une épine du pied. Reste à savoir maintenant quelle sera la réaction des sunnites, qui constitue, selon les observateurs, l'essentiel des miliciens de la résistance dans Bagdad, Falloudjah, Ramadi et autres villes du triangle sunnite où se déroulent la majeure partie des attaques et attentats contre la coalition et ses auxiliaires. K. A.