Le nouveau gouvernement de Madrid a officiellement annoncé le prochain retrait du contingent espagnol d'Irak où la précarité demeure. Falloujah et Najaf, toujours encerclées par les marines américains, vivent dans la précarité absolue. Les sunnites de Falloujah, comme les chiites de Najaf, toujours confrontés au siège américain, sont disposés à trouver un modus vivendi avec les forces de la coalition. Mais il semble, selon les déclarations des médiateurs dans les deux villes, que l'intransigeance dont font montre les forces américaines, entravent la mise en place d'un accord à long terme. Et c'est encore le chef radical chiite, Moqtada Sadr, qui fait aujourd'hui problème, dans la mesure où les Américains réclament ni plus ni moins que sa tête. A Falloujah, on s'employait hier à consolider le cessez-le-feu qui tient depuis plus d'une semaine et surtout à rétablir une vie normale dans la ville. A ce propos, un des porte-parole du parti islamique irakien (PII, sunnite) Fouad Raoui, a indiqué à la presse qu' «une délégation du PII, conduite par Hajem Al-Hosni et accompagné par un membre du Conseil transitoire, Ghazi Ajil, s'est rendue à Falloujah pour une nouvelle rencontre entre les dignitaires de la ville et des responsables de la coalition», et d'ajouter : «L'objectif est de parvenir à un cessez-le-feu global et à un retour à la normale dans la ville». Pour ce faire, les médiateurs travaillent dans l'objectif de remplacer, graduellement, les forces de la coalition, par des policiers irakiens. A Najaf, la situation semble un peu plus compliquée, notamment pour ce qui est du cas du chef radical Moqtada Sadr. Ce dernier suggère l'envoi de force de paix de l'ONU, sous certaines conditions, en remplacement des forces de la coalition, selon l'un de ses proches collaborateurs, Qaïs Al-Khazaali qui indique : «Nous sommes en faveur de l'envoi d'une telle force (onusienne) à condition qu'elle soit composée de troupes de pays musulmans ou de pays n'ayant pas participé à l'occupation de l'Irak, comme la Russie, la France ou l'Allemagne», soulignant, «cette force doit laisser le peuple irakien assurer sa protection en confiant aux forces de sécurité, notamment la police, la mission de maintien de l'ordre». Ce qui va totalement à l'encontre de ce que préconise la puissance occupante américaine. Dans des déclarations à la presse, l'administrateur en chef américain en Irak, Paul Bremer a estimé qu' «il est clair que les forces irakiennes ne seront pas capables, seules, de répondre aux menaces (que constituent les opposants à la politique américaine) d'ici au 30 juin, quand un gouvernement irakien assumera la souveraineté». Comment dépasser cette situation de blocage ? Aussi, tous les regards se tournent désormais vers les Nations unies qui, plus que jamais, deviennent le dernier recours pour sauver ce qui pouvait être encore sauvé en Irak. Autant les Irakiens, que l'autorité de la coalition, - USA et Royaume-Uni en tête -, font du pied pour un retour de l'ONU en Irak, un retour devenu incontournable de l'institution internationale. De fait, Bremer ne tarit pas d'éloges pour le plan de sortie de crise proposé par Lakhdar Brahimi, émissaire de l'ONU en Irak, même si ce dernier ne garde du plan initial américain, avalisé par le Conseil transitoire irakien, que la date de transfert de souveraineté à l'Irak, fixée au 30 juin prochain. En fait, dans ce repositionnement, la coalition connaît ses premières fausses notes avec l'annonce officielle du retrait des troupes espagnoles par le nouveau chef du gouvernement socialiste espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, lequel indique : «J'ai donné l'ordre au ministre de la Défense de prendre les dispositions nécessaires afin que les troupes espagnoles en Irak se retirent dans les plus brefs délais et avec une sécurité maximum». Faisant écho à cette prise de position, le chef radical chiite, Moqtada Sadr, a ordonné hier à ses miliciens de cesser d'attaquer le contingent espagnol stationné à Najaf indiquant «Nous appelons à assurer la sécurité des troupes espagnoles jusqu'à leur départ, tant que ces forces ne commettent pas d'agressions contre le peuple irakien». En Irak, les choses semblent maintenant mûres pour le changement que les Etats-Unis doivent intégrer dans leur stratégie et, d'une manière ou d'une autre, composer avec les forces existantes dans ce pays, en plus de la prise en charge, réclamée unanimement par la communauté internationale, du dossier irakien par l'ONU.