Les autorités turques sont en alerte à l'approche du sommet de l'Otan à Istanbul, vaste métropole où islamistes, groupuscules gauchistes et rebelles kurdes ont tous leurs réseaux et où plus de 60 personnes ont été tuées l'an dernier dans des attentats attribués à Al-Qaïda. “La sécurité est le facteur numéro un pour ce sommet. Il faut qu'il y ait zéro erreur”, affirme Umur Apaydin, responsable du comité chargé d'organiser le sommet des 28 et 29 juin. Celui-ci réunira quelque 7 000 personnes, dont plus de 3 000 délégués et 46 chefs d'Etat ou de gouvernement, à commencer par le président américain George W. Bush. Plus de 23 000 policiers seront chargés de la sécurité, des unités militaires d'élite seront mobilisées — y compris des spécialistes de protection contre les armes de destruction massive — le survol de la ville sera interdit et des avions de surveillance Awacs de l'Otan patrouilleront 24 heures sur 24. Le détroit du Bosphore, qui sépare les deux rives de cette ville de 12 millions d'habitants, sera fermé aux pétroliers et aux navires transportant des produits dangereux, tandis qu'un périmètre de 10 kilomètres en plein cœur de la ville sera interdit à la circulation et les déplacements des habitants de cette zone, baptisée “vallée de l'Otan”, contrôlés. A l'approche du sommet, les arrestations se sont multipliées même si le gouverneur de la ville, Muammer Guler, affirme haut et fort qu'“il n'y a pas de menace sérieuse de terrorisme”. La police a révélé avoir interpellé la semaine dernière quatre personnes soupçonnées d'appartenir au groupe extrémiste kurde irakien Ansar Al-Islam, organisation qui, selon Washington, serait liée à Al-Qaïda. Selon les autorités, ces personnes projetaient de commettre des attentats. Début mai, les autorités avaient arrêté à Bursa, ville proche d'Istanbul, neuf autres personnes soupçonnés de liens avec Ansar Al-Islam et qui, toujours selon la police, préparaient un attentat contre le sommet de l'Otan. Les craintes sont d'autant plus vives que tous gardent en mémoire les attentats suicide, perpétrés à la voiture piégée, en novembre contre deux synagogues, une banque et le consulat de Grande-Bretagne à Istanbul. Ces attentats, qui ont coûté la vie à 63 personnes, ont été attribués à un groupuscule turc lié au réseau terroriste Al-Qaïda d'Oussama Ben Laden. Selon les autorités, le groupe responsable de ces attaques a été démantelé et une soixantaine de personnes inculpées. Selon la presse, plus de 300 personnes ont été interpellées ces dernières semaines — des islamistes, des militants d'extrême gauche, mais aussi des journalistes et employés d'associations culturelles kurdes. La crainte d'une reprise des attentats kurdes fait suite à la dénonciation, le 1er juin, par le mouvement rebelle Kongra-Gel (ex-PKK) d'une trêve unilatérale observée tant bien que mal depuis près de cinq ans. Depuis lors les accrochages se sont multipliés dans le sud-est du pays, à majorité kurde, et 12 Kurdes ont été interpellés à Adana, dans le sud, en possession d'explosifs. Par ailleurs, de petits attentats, non revendiqués mais qui seraient le fait de groupuscules gauchistes, ont régulièrement lieu à Istanbul, visant par exemple des banques et des restaurants McDonald. Pour limiter les risques, les autorités turques ont mis une voiture blindée à la disposition de chacun des chefs d'Etat ou de gouvernement. R. I./A.