Le nouveau troisième homme de l'Etat a tenu à remercier, en premier, le président de la République. Le député d'El-Oued, Amar Saïdani, a été élu, hier, président de l'APN à la majorité des suffrages exprimés (248 voix sur les 336). Son adversaire, présenté par le mouvement El-Islah — Mohamed Djahid Younsi — a récolté quarante-cinq voix tandis que Ahmed Mamouni (FLN) est arrivé troisième avec l'honorable score de trente-neuf voix. Sept députés ont voté pour l'élu de Béjaïa, Khaled Ahmed (FLN) et trois ont choisi le parlementaire de Bordj Bou-Arréridj, Nourredine Boucenna (également FLN). Quarante et un membres de l'APN ont mis des bulletins blancs dans l'urne. Les élus du Parti des travailleurs ont carrément fait de ce vote nul une option politique. “Minoritaire à l'Assemblée populaire nationale, le groupe du Parti des travailleurs, respectueux de la position de chacune et de chacun et sans préjugés sur les différents candidats dans la mesure où il ne se prononce que sur les positions et programmes politiques, considère qu'il n'est pas de son ressort de se prononcer sur le choix du président de l'Assemblée”, a expliqué Djelloul Djoudi, président du groupe parlementaire dans un communiqué distribué à la presse. Juste avant le démarrage de l'opération électorale, Miloud Chorfi, chef du groupe des élus RND, a demandé la parole au président de l'APN par intérim Tayeb Farahi. Il a profité de cette occasion pour annoncer que les parlementaires de son parti respecteront scrupuleusement l'accord conclu entre les leaders de l'alliance présidentielle. “Nous soutenons, en conséquence, la candidature de Amar Saïdani.” La déclaration de Miloud Chorfi est accueillie par quelques applaudissements, mais aussi par des cris de protestation. Abdelghafour Saâdi, président du groupe parlementaire d'El-Islah, a fait valoir, à son tour, son droit à un point d'ordre pour qualifier la démarche du RND de “comportement irresponsable. Il est indécent de faire campagne pour un candidat au moment du vote”. Dans le même temps, les élus du parti dirigé par Ahmed Ouyahia chahutaient l'intervention de leur collègue d'El-Islah, en tapotant sur les pupitres. En dehors de cet incident, le vote, qui a duré environ trois heures, s'est déroulé dans des conditions normales. Vers 14h, les résultats finals, communiqués par Tayeb Farahi, ont confirmé la large victoire de Amar Saïdani. Ce dernier est appelé au perchoir au même titre que Karim Younès pour la traditionnelle cérémonie de passation du pouvoir. Sitôt investi président de la première Chambre parlementaire, Amar Saïdani a tenu à remercier le président de la République “pour la confiance qu'il a mise en moi” et les leaders de l'alliance présidentielle qui ont cautionné sa candidature au perchoir de l'APN. Il a promis de travailler de concertation avec l'ensemble des députés, sans exclusion. De toute vraisemblance, le nouveau troisième homme de l'Etat sait qu'il doit sa promotion à une décision politique — ou plutôt à un choix dicté, selon des sources parlementaires, par la présidence de la République — et non pas à un quelconque plébiscite de ses pairs. De nombreux députés ont soutenu que Ahmed Mamouni aurait certainement gagné ces élections si Amar Saïdani n'avait pas été imposé par les hautes sphères de décision. Trente-neuf députés ont marqué, d'ailleurs malgré tout, leur préférence pour l'élu de Tipasa. Ce dernier a déclaré, à l'issue du scrutin, qu'il s'est porté candidat “pour briser le mur de la peur et pour refuser le fait accompli”. Ahmed Mamouni a rappelé qu'il a démissionné du bureau du FLN en signe de protestation contre les dérives constatées dans la gestion des affaires du parti par Ali Benflis. “Aujourd'hui, une situation quasi-similaire se répète. Ce qui m'a incité à exprimer à haute voix mon rejet des pratiques antidémocratiques (…) qui rendent les députés incapables de faire valoir leur volonté…”. S. H. Structures permanentes de l'APN Le RND place ses hommes Le groupe parlementaire RND a procédé, hier, à l'élection des députés qui occuperont les sept postes de responsabilité qui lui reviennent à l'APN. Il a ainsi promu Boutouiga Benhalima (élu de Tiaret) au rang de vice-président de l'Assemblée nationale à la place de Mohamed Abadou (ancien ministre des Moudjahidine). Le député de Tissemsilt, Guiji Mohamed, remplace M. Djebaili à la tête de la commission de la santé, tandis que Hamou Lamri (élu de Bouira) éclipse Noureddine Benbraham (député d'Alger) à la présidence de la commission de la jeunesse et des sports. Benyacoub Ahmed Benyacoub (élu de Naâma) et Zayed Hamza (député de Mila) deviennent vice-présidents respectivement de la commission des finances et celle de la défense nationale. Laghdar Madi est élu rapporteur de la commission des affaires étrangères. Milou Chorfi est, quant à lui, maintenu président du groupe parlementaire pour la troisième année. Le FLN devrait trouver beaucoup plus de difficultés à pourvoir les nombreux sièges de prestige qu'il détient. Le poste de chef du groupe parlementaire et les cinq vice-présidences suscitent particulièrement les convoitises. S. H. Activité parlementaire Le statut de la magistrature programmé en plénière Le projet de loi organique sur le statut de la magistrature et celui de la loi organique portant sur les attributions et le fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature, seront présentés, par le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, le 27 juin prochain en plénière de l'Assemblée nationale. Un débat général sera engagé, dans la même journée sur les deux projets du gouvernement. Les députés auront, en outre, à débattre du projet de loi relative à l'exercice de l'activité commerciale, le mardi 29 juin.