C'est à une majorité écrasante que l'ancien coordinateur des comités de soutien au président de la République a été élu à la tête de la chambre basse du parlement. Le député du Front de libération nationale (FLN), Ammar Saïdani, a été élu, hier, à bulletin secret président de l'Assemblée populaire nationale (APN) en remplacement de Karim Younès qui a démissionné le 3 juin. Le nouveau président de la chambre basse a été élu avec 248 voix, sur les 336 exprimées sur les 338 membres que compte l'Assemblée, devançant, ainsi M.Mohamed-Djahid Younsi d'El Islah avec 45 voix obtenues, loin devant les trois autres candidats du FLN, en l'occurrence MM.Ahmed Mamouni, Ahmed Khaled et Nourredine Boussena qui ont obtenu respectivement 39, 7 et 3 voix. De ce fait, ce n'est que juste consécration pour le FLN qui reprend son dû. Cependant, il y a lieu de noter l'annulation de 41 voix et l'absence de 10 députés lors de l'opération de vote. M.Saïdani, âgé de 54 ans et député de la wilaya d'El Oued depuis les législatives du 30 mai 2002, est devenu le sixième président de l'APN. Pour rappel, Ferhat Abbès a été le premier président, entre septembre 1962 et août 1963, de ce qui était appelé alors l'Assemblée nationale constituante avant d'être remplacé par El-Hadj Benalla jusqu'à juin 1965. A la suite du redressement révolutionnaire, les activités de l'Assemblée ont été gelées jusqu'à 1975 conformément à l'ordonnance du 10 juillet 1965. A la reprise des travaux de l'Assemblée, Rabah Bitat a occupé le poste de président de mars 1977 à octobre 1990 avant de passer le relais à Abdelkader Bensalah qui a présidé aux destinées du Conseil national de transition entre mai 1994 et mai 1997. L'élection présidentielle de 1997 a vu l'émergence du premier président de l'APN de l'ère du pluralisme politique. Un poste qui sera occupé par Bensalah de juin 1997 à mai 2002. Les législatives du 30 mai 2002 ont permis à Karim Younès, député FLN, de présider aux destinées de la chambre basse. L'élection, hier, du nouveau troisième homme de l'Etat s'est déroulée, conformément à la Constitution et au règlement de l'Assemblée, en cas de pluralité des candidatures. D'ailleurs l'opération s'est déroulée sous l'oeil vigilant des Riad Anane (FNL), Makhlouf Benmokhtar (El Islah), Messouad Bouderradji (indépendant), Fateh Guerd (MSP) et Kamel Djaâfar (PT) désignés pour la circonstance surveillants du scrutin. Pourtant, présenté comme candidat du consensus, Ammar Saïdani n'a pas soulevé la fronde uniquement au sein du FLN. Le MSP, selon les déclarations de Fateh Guerd n'a pas cautionné lui non plus, sa candidature «Nous avons émis des réserves quant à la candidature de Saïdani» a déclaré le député du MSP. Une mésentente qui a obligé le porte-parole du RND, M.Miloud Chorfi, à intervenir pour une mise au point publique au moment même où le président de l'APN par intérim, M.Tayeb Farah, dictait le règlement relatif à l'élection. «Nous tenons à déclarer que Ammar Saïdani est le candidat unique de l'alliance présidentielle» a clamé Miloud Chorfi. Une intervention qui n'a pas été du goût des représentants d' El Islah et qui a soulevé un tollé au sein de l'hémicycle. En effet, le député Saïdi a répliqué que «la campagne pour tel ou tel candidat devait se faire avant et non le jour du scrutin» avant de préciser que «ceci s'apparente à une influence et une orientation du vote». Il aura fallu toute la verve du président par intérim pour remettre de l'ordre dans la salle et passer aux choses sérieuses. L'autre point ayant soulevé une polémique au moment du dénombrement a trait au nombre de votants. Dans un premier temps le président avait annoncé 378 votants, mais, lors du dépouillement, un bulletin manquait. Cette petite différence, mais de taille, a failli provoquer un autre tollé dans la salle et a obligé les surveillants à reprendre leur décompte initial pour se rendre comte qu'il n'y avait que 377 votants. Ce couac dépassé, l'opération de dépouillement a repris son cours normal pour consacrer en fin de compte à l'unanimité, Ammar Saïdani troisième homme de l'Etat. Juste consécration pour cet homme qui a passé toute sa vie dans la pratique politique. Elu après la démission de Karim Younès, l'ancien vice-président de l'APN du temps de Bensalah et président de la commission des transports, a promis la continuité tout en mettant en exergue dans son allocution, sa disponibilité au dialogue, seul à même de réaliser la réconciliation nationale prônée par le chef de l'Etat qu'il a remercié au passage «pour la confiance placée en lui pour ce poste stratégique». Universitaire de formation, marié et père de 7 enfants, la politique est devenue son unique passion au point d'avoir été élu par deux fois à la députation dans la circonscription de la wilaya d'El Oued. Depuis hier, jour de son élection, l'ancien coordinateur des comités de soutien au président Bouteflika, est appelé à s'atteler à ses nouvelles tâches parlementaires d'autant que l'Assemblée est appelée à reprendre ses travaux en session plénière du 27 au 29 du mois en cours. Une session qui sera consacrée à la présentation et à l'examen de deux projets de loi sur le statut de la magistrature et celui de la composante du Conseil supérieur de la magistrature.