Un Forum sur les libertés démocratiques s'est tenu, jeudi dernier, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, à l'initiative des délégués du mouvement citoyen. Un collectif du journal Le Matin, des membres des familles Benchicou et Hafnaoui, des représentants du comité pour la libération de ces deux journalistes, des avocats, des journalistes, des anciens maquisards, des ex-détenus de T'kout, des représentants du MDS ainsi que de nombreux citoyens ont pris part à cette rencontre qui se voulait à la fois une action de solidarité avec les deux journalistes incarcérés et aussi une tribune pour débattre de la situation actuelle de la presse indépendante qui se retrouve plus que jamais menacée par un pouvoir qui manifeste avec acharnement sa détermination à en finir avec toutes les voix qui ne s'inscrivent pas dans sa logique. La plupart des intervenants ont mis l'accent sur la nécessaire mobilisation et organisation de la société civile qui peut, à travers la multiplication des actions de protestation, mettre fin à ces pratiques qui remettent en cause les acquis démocratiques, notamment celui de la presse qui constitue le principal pilier de toute démocratie. “Mobilisons-nous ! l'avenir de la démocratie en Algérie est en danger”, lancera la représentante du comité pour la libération de Benchicou et de Hafnaoui, Fatima-Zohra Belazoug, avant d'être reliée par le rédacteur en chef du journal Le Matin, Rachid Mokhtari, qui soulignera, lors de son intervention, la panique du pouvoir et la faillite de son discours politique avant d'aborder l'incarcération des deux journalistes qu'il considère comme une “revanche politique prise à l'encontre de ceux qui ont choisi de se mettre du côté du peuple algérien qui subit la répression du pouvoir depuis l'indépendance”. Autrement, pour lui, “l'affaire des bons de caisse montée contre Benchicou n'est qu'un prétexte pour lui faire payer ses positions courageuses, et surtout son livre sur Bouteflika”. “Ils ont incarcéré aussi Hafnaoui pour lui faire payer son courage d'avoir dénoncé les malversations des responsables locaux”, ajoutera-t-il, indigné. Des propos que les avocats, Salah Hanoun et Amar Zaïdi, appuieront d'ailleurs en affirmant que “le dossier de Benchicou est vide, et que leurs procès sont purement politiques”. Ghania Hamadou, une des membres fondateurs du journal Le Matin, dira que “notre journal ne se taira pas, et même s'il venait à mourir, il mourra avec ses positions”. Youcef Bournine du Soir d'Algérie expliquera cette cabale montée contre certains journaux et journalistes par la mise en exécution de la deuxième phase du plan de normalisation de la société civile. La première, dira-t-il, est celle qui a visé, à l'approche des élections, certaines formations politiques, syndicats et le mouvement associatif. Le frère de Hafnaoui Ghoul a révélé à l'occasion que son frère, même en prison, continue de faire objet de tentatives de corruption venant des mêmes cercles qui sont à l'origine de son emprisonnement. Pour poursuivre les actions de soutien à Benchicou et à Hafnaoui, le collectif des journalistes de Tizi Ouzou a décidé d'organiser un deuxième sit-in, mercredi prochain, devant le tribunal de Tizi Ouzou. De leur côté, les délégués des archs ont décidé de renouer avec les actions de rue. S. L.