Rencontré en marge du meeting international de la ville d'Alger, jeudi, au stade annexe d'athlétisme, Aïssa Djabir Saïd-Guerni s'est aimablement prêté au jeu des questions-réponses. Liberté : Vous êtes là et vous ne participez pas à la compétition. Quelle est la raison exacte de cette défection ? Aïssa Djabir Saïd-Guerni : Je suis tout simplement blessé. La vieille blessure, qui m'avait empêché de prendre part aux championnats du monde d'Edmonton en 2001, s'est réveillée. Je ressens des douleurs au même endroit. Mon médecin traitant, le Dr Brahim Baba, m'a pris en charge. Il m'a prescrit dix jours de repos actif. Et j'espère que tout va rentrer dans l'ordre bientôt. Nous avons préféré ne pas prendre de risques inutiles qui pourraient compromettre ma participation aux jeux Olympiques. N'avez-vous pas peur que cette blessure vous prive du rendez-vous d'Athènes ? Non, je ne pense pas. Je suis bien pris en charge par le Dr Baba, qui connaît bien mon cas, pour m'avoir traité la dernière fois. Tout semble évoluer dans le bon sens et je ne vois aucune raison de m'inquiéter. Je prends le soin de ne pas forcer pendant cette période de repos, conformément aux instructions médicales. Je prends mon mal en patience, car je ne peux faire autrement. Comment s'est effectuée votre préparation en perspective des jeux Olympiques ? Le plus normalement du monde. Je suis le programme tracé par mon entraîneur. Après le stage de Cuba avec lequel j'ai entamé ma préparation, j'en fais deux autres en Europe, dont l'un en France. La progression se fait selon les prévisions. Sauf imprévus, je serai au top le jour “J”. Je prévois de participer à quatre meetings du grand prix Iaaf, notamment ceux de Lausanne, Zurich, Londres et Bruxelles, pour avoir suffisamment de compétitions dans les jambes avant le début des épreuves d'athlétisme des jeux Olympiques. Quinze jours avant l'olympiade, je ponctuerai ma préparation par un petit stage qui devrait me permettre d'être fin prêt pour le rendez-vous d'Athènes. En somme, les chronos que vous avez réalisés jusque-là sont conformes à vos prévisions… En effet, les choses évoluent normalement. Je devrais monter en puissance progressivement pour être prêt pour les jeux Olympiques. Vous semblez accorder une grande importance aux jeux Olympiques… Et comment ! Je veux le titre olympique. Je ferai tout ce que je pourrai pour atteindre cet objectif, afin de faire retentir “Qassaman” dans le ciel de la capitale grecque. Une chose est sûre, je me battrai sur la piste de toutes mes forces pour ne pas décevoir. Mais à Athènes, vous ne bénéficierez plus de l'avantage de la surprise comme à Paris. Tous vos adversaires vous attendront de pied ferme… Je le sais et cela ne m'inquiète guère outre mesure, bien que je respecte tous mes concurrents. D'ailleurs à paris, je ne constituais pas une surprise pour les athlètes du 800 m, parce que j'étais déjà connu dans les circuits avec mes médailles de bronze aux championnats du monde de Séville et aux jeux Olympiques de Sydney. À Athènes, je ferai tout pour m'imposer à nouveau devant des adversaires que je connais bien. Comme tous les sportifs algériens, vous avez certainement été confronté au problème de l'arrivée tardive des moyens financiers pour votre préparation… C'est un problème dû au budget qui arrive tardivement. Beaucoup de sportifs souffrent de ces difficultés. Il faut savoir s'organiser en conséquence. Moi, j'ai l'avantage d'avoir un sponsor, en l'occurrence Sonatrach, qui m'aide énormément. Je remercie à cette occasion ses dirigeants ainsi que les pouvoirs publics, qui m'ont toujours soutenu. Vous savez, il faut trouver une solution à cette histoire de budget pour que les athlètes ne soient pas trop pénalisés dans leur préparation. Tout retard dans la préparation se répercutera inévitablement de façon négative sur les performances de l'athlète. On remarque que vous ne participez pas régulièrement aux meetings et aux grands prix de l'IAAF, contrairement à d'autres athlètes. Cela veut-il dire que vous ne voulez pas gagner beaucoup d'argent ? Il faut savoir gérer sa carrière. À mes débuts, je prenais part à la majeure partie des meetings pour me faire connaître. Maintenant que c'est fait, je planifie ma participation aux différentes manifestations organisées par l'IAAF en fonction de mes objectifs chaque saison. L'argent n'est pas tout dans la vie. Grâce à ma notoriété mondiale, je choisis les meetings auxquels je veux participer en prenant en considération mes plannings de préparation arrêtés bien à l'avance. K. A. Fait inédit dans la participation algérienne aux jeux olympiques Le couple Saïd-Guerni à Athènes Pour la première fois dans l'histoire de la participation algérienne aux jeux Olympiques, un couple représentera l'Algérie dans la capitale grecque. Le champion du monde du 800 m, Aïssa Djabir Saïd-Guerni, et son épouse Mme Saïd-Guerni, née Wassila Redouane, qualifiée en escrime, défendront les couleurs algériennes lors de la prochaine olympiade. Pour rappel, notre escrimeuse a surpris plus d'un, cette saison, en remportant le championnat de France de sa spécialité après avoir participé à cette compétition en open. Elle est venue à bout de la médaillée de bronze des derniers jeux Olympiques de Sydney en Australie. Questionné à ce sujet, Djabir s'est déclaré ravi de cet événement, qui fera date dans l'histoire du sport algérien. Quant à la question de savoir si le couple ambitionne de frapper un grand coup à Athènes, notre interlocuteur dira : “Ma femme et moi, nous nous sommes connus lors de la précédente olympiade. Cette fois-ci, nous partons avec l'avantage de l'expérience. Nous espérons représenter dignement l'Algérie.” Pour ce qui est de l'éventualité de les voir médaillés tous les deux, le champion ajoutera : “J'en serai comblé. C'est mon souhait le plus cher. Nous n'épargnerons aucun effort pour tenter d'offrir à l'Algérie, chacun dans sa spécialité, une médaille.” C'est tout le mal que nous souhaitons au couple Saïd-Guerni. K. A.