La péninsule arabique est sous la menace du terrorisme. Le mouvement, parti du Yémen, gagne Bahreïn, considéré pourtant comme le paradis de la région, après avoir essaimé ses réseaux en Arabie saoudite, qui se trouve dans la situation de l'arroseur arrosé. Combattu partout ailleurs, le phénomène s'est alors replié où il a été conçu, s'attaquant à ses propres géniteurs. Le terrorisme islamiste, dont la figure de proue, Ben Laden, est un fils de l'establishment saoudien, reproche aux pouvoirs de la péninsule leur aliénation à l'égard de l'occident, principalement les Etats-Unis, qui lui a déclaré la guerre après l'avoir généreusement couvé, lorsqu'il s'agissait de déstabiliser les communistes et les nationalistes arabes. À Bahreïn, comme en Arabie saoudite avant que des intérêts américains ne soient ciblés, les autorités tentent de minimiser la menace, l'attribuant à des mercenaires étrangers et, au pire, à des égarés ! Pourtant, début 2003, Manama avait annoncé le démantèlement de cellules terroristes, la saisie d'armes et de munitions dans le cadre d'une enquête sur les ramifications d'Al-Qaïda qui s'était traduite par l'arrestation d'un officier de la garde nationale. Pour Washington, ce ne sont pas des menaces en l'air. Les attentats terroristes sont d'autant plus probables, que Bahreïn abrite la Ve flotte américaine dans le Moyen et Proche-Orient. Le dispositif, établi par Bush père en Arabie saoudite, pour sa guerre inachevée contre Saddam, a été transféré ici par Bush junior, moins disposé à l'égard des autorités de Riyad et convaincu que Bahreïn était hors de portée des islamistes. Pourtant, un pont relie Bahreïn à la province orientale d'Arabie qui, regroupant l'essentiel des installations pétrolières du royaume, est le théâtre d'attentats terroristes. De ce fait, le feu couve même dans ce pays du tourisme pour argentés et de conférences mondiales hermétiquement fermées aux manifs d'altermondialistes. Tant et si bien que Washington s'est résigné à mettre en garde ses ressortissants. Le département d'Etat a conseillé aux ressortissants américains devant se rendre à Bahreïn de différer leur voyage, et à ceux déjà présents dans ce pays d'envisager leur départ, à la suite d'informations faisant état d'attentats. D. B.