L'Egyptien Mohammed El-Baradei, directeur général de l'agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), se rend aujourd'hui en Israël avec l'espoir de convaincre Sharon de renoncer aux armes nucléaires. Israël, dont l'arsenal nucléaire est estimé à plus de deux cents ogives, n'a pourtant jamais voulu le reconnaître officiellement. C'est dire que la mission du patron de l'Aiea s'assimile à un prêche dans le désert tant les dirigeants de Tel-Aviv ne semblent nullement disposés à discuter du sujet. Al-Baradei a déclaré, la semaine dernière à Moscou, que l'agence qu'il dirige se doit, en sa qualité de responsable de la sûreté nucléaire, de faire la lumière sur les activités d'Israël dans ce domaine. Mieux, il ambitionne de dénucléariser toute la région en commençant par faire adhérer à son projet le gouvernement d'Ariel Sharon. Il faut dire que l'objectif de Mohammed Al-Baradei relève tout simplement de l'utopie, parce que Israël fait de son arsenal nucléaire son assurance-vie au Proche-Orient. En effet, sa politique expansionniste vis-à-vis des Palestiniens et de ses autres voisins n'a jamais favorisé l'instauration d'un climat de paix. Cette situation constitue, selon l'expert israélien Gerald Steinberg, une véritable entrave à un éventuel changement dans la région. Il estime même que l'abandon par Israël de sa politique nucléaire serait une menace pour sa survie, tant “la haine à l'égard d'Israël dans le monde arabe et musulman reste intense”. La mission du directeur général de l'Aiea n'est ni plus ni moins qu'un coup d'épée dans l'eau, car le premier ministre israélien n'est aucunement prêt à évoquer la question. Sharon s'accroche toujours à sa politique d'ambiguïté en ce qui concerne son armement nucléaire. D'ailleurs, Israël n'a jamais accepté de signer le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) de l'Aiea, qui autoriserait cette dernière à opérer des inspections sur les sites nucléaires israéliens. C'est tout le secret de la politique nucléaire de Tel-Aviv, qui profite du soutien inconditionnel de Washington. K. A.