Là où il y a l'odeur du pétrole, les Etats-Unis ne sont pas loin. La politique du président vénézuélien, Hugo Chavez, jugée trop tiers-mondiste et soupçonnée de socialisme, dérange tellement les intérêts de la première puissance mondiale, que celle-ci ne peut se retenir de tenter de renverser les équilibres de force en sa faveur dans ce pays qui s'apparente de plus en plus à un Irak de l'Amérique latine. Seulement Chavez ne dispose pas, lui, contrairement à Saddam, d'armes de destruction massive mais d'une politique énergétique qui met à mal les appétits de l'Oncle Sam. Cinquième producteur de pétrole à l'échelle mondiale, et un des principaux fournisseurs, aux côtés de l'Arabie Saoudite et du Mexique, des Etats-Unis, le Venezuela est le seul pays latino-américain à avoir intégré l'Opep. C'est le fait, d'ailleurs, que Chavez inscrive la politique de son pays dans une vision antiaméricaniste et contre la mondialisation rampante qui lui vaut, aujourd'hui, l'inimitié de l'Administration Bush. Le président vénézuélien avait déjà, dans des conditions similaires, échappé à un putsch tenté par des officiers locaux, en avril dernier, et qui l'avait éloigné du pouvoir pendant près de deux jours. Chavez n'a dû son retour qu'à son peuple qui, dans sa majorité avait rejeté les visées ultra-libéralistes et l'emprise américaine sur la région. Le même scénario est mis en branle depuis cinq jours. Celui qui oppose une sorte de défi au gendarme du monde est sur le qui-vive. Le Venezuela n'est pas le Brésil où un président socialiste vient d'être élu. Le cacao ne vaut rien devant l'or noir. Et c'est bien autour de celui-ci que s'articule la crise vénézuélienne. Le pays de Chavez est la dernière contrée qui continue encore à résister à l'expansionnisme américain masqué par l'illusion de bien-être que peuvent procurer le nouvel ordre mondial et le nouveau mécanisme qui le génère, la mondialisation. Sous ce prétexte, bien des lueurs démocratiques ont été rapidement transformées en sombres dictatures qui ont plongé les peuples sud-américains dans la misère. S. R.