Les experts de l'ONU en Irak ont entamé hier de nouvelles inspections sur des sites nucléaire et bactériologique, au sud de Bagdad, avant d'examiner le document irakien faisant le point sur les programmes à vocation militaire de Bagdad. Une première équipe de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a pénétré sur le vaste site d'Al-Tuwaitha, à 20 km au sud de Bagdad, selon des journalistes qui l'ont suivie. Tuwaitha, qui comprend une centaine de bâtiments, avait déjà été visité pendant cinq heures par les experts de l'AIEA le 4 décembre. Les installations qui ont abrité le démarrage du programme nucléaire irakien, démantelé lors d'une précédente mission de l'ONU de 1991 à 1998, sont maintenant occupées par des laboratoires pharmaceutiques. Un réacteur nucléaire en construction y avait été détruit en 1981 par un bombardement israélien. L'équipe de la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection (COCOVINU), elle, s'est rendue dans la localité d'Iskanderiah, à 40 km au sud de Bagdad, où elle a commencé son inspection de l'usine Al-Qods (Jérusalem), qui dépend du ministère de l'Industrie, selon les journalistes. L'ONU a toujours soupçonné cette usine d'avoir été impliquée dans le développement du programme chimique et bactériologique de l'Irak, mais n'a jamais reçu d'information de la part des Irakiens sur ses activités. Les deux équipes avaient quitté peu avant 05 h 30 GMT le quartier général de l'ONU, l'Hôtel Canal, suivies par des journalistes et par les accompagnateurs de l'organisme irakien de contrôle du désarmement. Les équipes d'inspecteurs ont repris leur mission après deux jours de pause pendant les fêtes de l'Aïd. Depuis leur retour le 25 novembre en Irak, après quatre ans d'interruption, les inspecteurs, au nombre de 17, se sont rendus sur une quinzaine de sites dont seulement deux n'avaient pas été visités entre 1991 et 1998. Plus tard dans la journée, la mission de l'ONU à Bagdad recevait un document de plusieurs milliers de pages qui sera remis par les responsables irakiens pour être acheminé notamment vers New York où le Conseil de sécurité devrait commencer rapidement à l'étudier. Une copie doit également parvenir à Vienne, siège de l'AIEA. Les estimations sur le volume de la déclaration varient et la chaîne de télévision Al-Jazira du Qatar a même cité des sources irakiennes avançant le chiffre de 24.000 pages. Des estimations plus conservatrices dans les milieux diplomatiques à Bagdad évoquent une fourchette de 5.000 à 10.000 pages. La présence en Irak des inspecteurs de l'ONU va rapidement augmenter après la remise de cette déclaration qui, selon Bagdad, ne devrait pas contenir d'aveu de possession d'armes prohibées, mais apporter de "nouveaux éléments" notamment dans le domaine des programmes civils susceptibles d'applications militaires.