Que l'affichage ou l'opacité des listes d'attributaires de logements sociaux donne lieu au mécontentement populaire, à des dérapages, à des dérives même comme l'incendie ou le saccage des lieux publics, rien de plus normal compte tenu de la déception et de la frustration des exclus. Ces actes de vandalisme que l'on peut expliquer, mais que l'on ne peut justifier, ont tendance depuis quelques mois à se répéter chaque fois que ces listes sont placardées quelque part et qu'on a fini par surnommer les listes de la discorde. À juste titre d'ailleurs. On aurait tort de penser que seules les villes ou les agglomérations du Nord, c'est-à-dire le centre à grande concentration et à grande densité de population en détiennent le triste apanage. Les cités du Sud ne sont pas non plus épargnées parce que la crise du logement est nationale et multidimentionnelle. Alors le sit-in d'hier de quelques centaines de villages d'El-Bayadh devant leur mairie pour faire entendre la voix de la contestation suivi aussitôt par le bouclage du quartier n'est que l'expression du vaste ras-le-bol populaire qui fait partout tâche d'huile. Notre correspondant nous signale cependant que deux commissions ont épluché le dossier des 470 futurs bénéficiaires, sans pour autant arrêter une liste de noms définitive pour laquelle personne ne trouverait à redire. Une telle gageure est impossible dans la mesure où les 470 bénéficiaires seraient toujours remis en cause par 470 autres non bénéficiaires. En fait, quelle que soit la liste que l'on proposera à EL-Bayadh, elle sera toujours entachée par le doute, la suspiscion et l'iniquité et quels que soient les heureux élus, ils ne seront jamais que 470 contre une demande de 5 200 logements. Contacté hier, en début d'après-midi par téléphone, un fonctionnaire de l'APC nous a affirmé que tout est calme et que les citoyens attendent qu'on affiche la liste. Cela ne saurait tarder. Nous le ferons peut-être en fin d'après-midi. Pour reprendre l'adage du terroir : “Attendons le printemps pour voir la qualité de la toison.” M. M.