Quarante-deux ans après l'indépendance, des lieux sacrés, dont la responsabilité incombe aux collectivités locales, sont dans un état qui laisse à désirer, notamment dans certaines wilayas de l'intérieur. En effet, des milliers d'étrangers, de doctrine chrétienne, notamment des Français et des Espagnols, ont vécu en Algérie par le fait colonial. Morts en Algérie, ils ont été inhumés loin de leur pays natal pour des raisons idéologiques et économiques plus particulièrement, et leur sépulture se trouve dans les cimetières chrétiens, appelés communément “cimetières européens”. Remonter dans l'histoire pour connaître les premiers embryons de ces cimetières est une aventure inextricable. Depuis la date fatidique de 1830, début de l'invasion française, les cimetières chrétiens se sont répandus au Nord du pays au même titre que les églises dans le souci d'évangéliser partiellement le peuple algérien, spolié de ses terres arables. Face à l'afflux des colons, notamment à l'orée du 20e siècle (1900), les espaces d'inhumation sont déclarés un bien appartenant à l'Etat français dans la wilaya de Aïn Defla où on compte une centaine de ces cimetières, selon une association culturelle, que ces derniers ne disposent pas de gardiens pour préserver cet espace qui a fait l'objet d'un vandalisme sans précédent par des actes terroristes qui n'ont même pas épargné les dômes de la zaouïa de Sidi Bencherki (El-Abadia) en 1998. Profanation de tombes, vol des statuettes en marbre, certains ont été presque annihilés comme ce fut le cas de Cheikh Benyahia (Ex-Sainte Monique) et Sidi Bouabida (Ex-Saint Cyprien) dans la commune d'El-Attaf. Cependant, et au niveau du chef-lieu, Miliana, El-Amra et El-khemis Miliana, cet espace jouxtant souvent nos cimetières (musulmans) qui est bien entretenu, est situé en plein tissu urbain. Rappelons, pour l'histoire et à juste titre, que la localité de Sidi Bouabida où plusieurs Algériens s'étaient naturalisés en 1944 à cause de la famine qui a sévi lors de la Seconde Guerre mondiale, d'une part, et à des années de sécheresse, d'autre part, était le berceau des missionnaires. L'on citera l'exemple du frère Charles-Ali dont la tombe se trouve dans un état méconnaissable n'était l'intervention in extremis du wali en 2003. L'église d'El-Attaf serait cernée par des kiosques construits illicitement. Ces octogénaires regrettent que cette église, qui était dans le bon vieux temps très florissante de par la plantation d'une variété de rosiers, est dépourvue de toute végétation, et est devenue l'abri des SDF. Cependant et pour le respect de sa dignité, un cimetière quel qu'il soit, ne doit pas être profanée. Il faut savoir dans ce contexte que dans la wilaya de Aïn Defla, les lieux sacrés se sont transformés en refuge des terroristes entre 1994 et 1998 et ce, après avoir été squattés par des dealeurs et autres malfrats en quête d'objets de valeur. Notons, par ailleurs, que plusieurs cimetières chrétiens ont été repeints récemment sur le budget de la wilaya. Y. B.