La commission américaine d'enquête indépendante sur les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, qui doit rendre son rapport final aujourd'hui, a permis de lever le voile sur la gigantesque toile des services secrets américains. Les membres de la commission, cinq sénateurs démocrates et cinq républicains, s'interrogent sur l'échec des multiples services de renseignement américains à prévenir ces attaques, relevant leurs immenses appétits budgétivores. Bush avait longtemps résisté à la création de cette commission, réclamée par le Congrès et les familles des victimes, craignant qu'elle ne soit utilisée par l'opposition démocrate pour attaquer et embarrasser son administration républicaine. Créée en novembre 2002, la commission, officiellement baptisée Commission nationale sur les attaques terroristes, a entendu plus de 1 000 témoins dont le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, le secrétaire d'Etat Colin Powell, l'ancien chef de la CIA, George Tenet, le chef d'état-major interarmées Richard Myers, la conseillère présidentielle à la sécurité nationale Condoleezza Rice, l'ancien président Bill Clinton et son vice-président Al Gore. Le président Bush et le vice-président Dick Cheney ont également été entendus, mais à huis clos et sans avoir prêté serment. La commission qui a dépouillé quelque 2 millions de pages de documents est l'occasion de faire un voyage dans la nébuleuse des agences américaines spécialisées dans le renseignement. La communauté du renseignement aux Etats-Unis regroupe 15 agences employant quelque 100 000 civils et militaires sous la coupe d'un directeur central du renseignement, qui n'a pas d'autorité budgétaire. Le budget annuel de l'ensemble des agences de renseignement américaines, militaires et civiles, est de 40 milliards de dollars, dont plus de 80% sont contrôlés par le Pentagone. Parmi les structures du renseignement américain, au hit-parade, la mythique Cia (Centrale du renseignement américain), créée en 1947. Basée à Langley, près de Washington, elle emploie 17 000 personnes avec un budget annuel estimé à 3,1 milliards de dollars. Après avoir lutté contre le communisme, au besoin en favorisant des coups d'Etat, elle jure s'être reconvertie depuis la fin de la guerre froide (1989) dans l'espionnage économique, pour réunir, corroborer et interpréter des renseignements pouvant affecter la sécurité des Etats-Unis. La Cia comprend plusieurs divisions dont une chargée des “opérations” et une autre de “science et technologie”. L'agence pour la sécurité nationale (NSA), créée en 1952 et basée à Fort Meade dans le Maryland, emploie 21 000 agents chargés du renseignement électronique, spécialisés dans le décryptage de signaux électromagnétiques, des écoutes téléphoniques et de la lecture de courriels. C'est l'oreille de la Cia. La NSA s'appuie sur une myriade de satellites d'observation capables de lire la plaque d'immatriculation d'une voiture. Son budget annuel est estimé à 3,6 milliards de dollars. Très secrète, son sigle est souvent détourné en No Such Agency (Une agence qui n'existe pas). L'Agence du renseignement de Défense (DIA), créée en 1961, siège au Pentagone. Elle compte plus de 7 000 employés militaires et civils dans le monde. La DIA est spécialisée dans le recueil du renseignement militaire à l'étranger. Elle fournit des informations aux troupes américaines sur les champs de bataille, aux responsables des planifications d'opérations et aux services au Pentagone chargés d'acquérir des armements. Le Bureau de reconnaissance national, créé en août 1960, domicilié à Chantilly en Virginie, gère le parc de satellites de renseignement américains. Il fournit en images satellitaires l'administration, notamment la CIA et le Pentagone. Ses personnels, au nombre inconnu, comme leur budget, proviennent souvent des milieux du renseignement, militaire et scientifique. Enfin le FBI, police fédérale, créée en juillet 1908 et basée à Washington. Ses 11 400 agents ont, depuis les attentats de 2001, un rôle accru dans le recueil et l'analyse du renseignement aux Etats-Unis. Hors du pays, le FBI participe au recueil d'informations lors de missions d'enquête lors d'attentats ou de destruction d'avions. Depuis 2003, le Pentagone essaye de mettre de l'ordre dans ses divers services en regroupant quelque 17 000 fonctionnaires issus de 22 ministères et agences fédérales liés à la sécurité nationale, pour notamment synthétiser et analyser le renseignement provenant de sources multiples, dont la CIA et le FBI. En outre, chaque armée, Marine, armée de l'Air, de Terre, Corps des Marines, dispose de son propre service de renseignement, l'ensemble employant un total de 54 000 personnes, dotées d'un budget de quelque 11 milliards de dollars ! D. B.