La commission américaine indépendante sur les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis devrait recommander dans son rapport définitif, attendu jeudi, une vaste réforme du renseignement, après avoir fait le procès des agences et autorités fédérales pour contrer El-Qaïda. Les principales recommandations des dix membres, cinq démocrates et cinq républicains, ont filtré dans le New York Times et le Washington Post et portent sur une refonte de l'organisation du renseignement, dont la création d'un poste ministériel coiffant les 15 agences civiles et militaires, ainsi que leur budget de 40 milliards de dollars/an. La plupart des conclusions contenues dans le document final de plus de 500 pages ont déjà été rendues publiques, ces derniers mois, dans des rapports intermédiaires des enquêteurs de la commission. Depuis le début de leur enquête, en novembre 2002, ils ont entendu plusieurs milliers de témoins dont, en privé, le président Bush et son vice-président Dick Cheney, ainsi que leurs prédécesseurs démocrates, Bill Clinton et Al Gore. Ils ont aussi épluché au moins deux millions de pages de documents, dont une bonne partie classée secret défense. La commission a ainsi déjà révélé un manque de coordination entre la CIA (centrale du renseignement) et le FBI (police fédérale) chargé du contre-espionnage. C'est ainsi que deux des 19 pirates de l'air ayant participé aux attentats du 11 septembre ont pu entrer, résider aux Etats-Unis pendant de longs mois et y prendre des cours de pilotage, malgré le fait que leurs noms figuraient sur une liste de terroristes de la CIA, qui n'en a pas informé le FBI, qui pourtant les surveillait. Le rapport a également conclu que la défense anti-aérienne des Etats-Unis n'était pas en mesure d'empêcher les appareils détournés d'atteindre leur cible. En outre, les enquêteurs ont mis en lumière une trop faible prise en compte de la menace présentée par El-Qaïda au plus haut niveau de l'Etat, tant par l'administration Clinton que par celle de Bush. La commission a conclu que rien ne prouvait l'existence d'une coopération entre El-Qaïda et l'ex-régime irakien de Saddam Hussein, contrairement à ce qu'a affirmé Cheney. Elle a aussi estimé que l'Iran avait fermé les yeux lorsque huit à dix des membres d'El-Qaïda, ayant participé aux attentats du 11 septembre, ont transité sur son territoire pour se rendre dans les camps d'entraînement en Afghanistan. Le ministère iranien des Affaires étrangères a reconnu que 8 des 19 kamikazes étaient passés, mais illégalement, par leur territoire et a démenti tout lien de l'Iran avec les attaques. La création d'un super-patron du renseignement provoquerait, cependant, de fortes résistances à la CIA et au Pentagone, qui y perdraient une grande partie de leurs prérogatives, selon des responsables de l'administration cités par le New York Times. Bien que le président de la commission, le républicain Thomas Kean, et son vice-président, le démocrate Lee Hamilton, aient souvent dit, dans différentes déclarations, que les attentats auraient, théoriquement, pu être déjoués, le rapport de la commission ne tranche pas cette question. Les attentats du 11 septembre ont fait près de 3 000 morts à New York, Washington et en Pennsylvanie. D. B.