Sentence La Centrale va droit dans le mur, selon un rapport accablant du Congrès qui dénonce une bureaucratie figée, une gestion inefficace et une incapacité de reconnaître ses erreurs. La CIA, agence de renseignement américaine, «est engagée sur un chemin qui la conduit au précipice», met en garde la commission du renseignement de la Chambre des représentants à majorité républicaine, dans un document rendu public cette semaine. Le président de cette commission, Porter Goss, est pressenti pour être le prochain patron de la Centrale, affirmaient vendredi les médias américains citant des responsables de la Maison-Blanche. «Depuis trop longtemps, la CIA néglige ses principales missions et a systématiquement écarté tout besoin de procéder à des actions correctives», poursuivent les parlementaires. Le document attaché au projet de budget du renseignement pour 2005, voté mercredi par la Chambre et estimé, de sources parlementaires, à quelque 40 milliards de dollars, cite aussi «une mauvaise gestion» ainsi que l'impact des coupes claires dans l'enveloppe du renseignement pendant les années ayant suivi la fin de la guerre froide. Selon le rapport, «les dommages infligés à la mission du réseau d'agents clandestins par la mauvaise allocation des ressources et des changements de priorités budgétaires pourraient être durables». La direction des opérations clandestines de la Centrale «est vouée à devenir rien de plus qu'une bureaucratie guindée incapable du moindre petit succès», déplore également la commission qui s'exprime au nom de la Chambre. La guerre contre le terrorisme doit, bien sûr, rester une priorité de la CIA, mais «l'agence doit aussi faire beaucoup plus», jugent les parlementaires. Ceux-ci expriment également leur indignation après que George Tenet eut indiqué qu'il faudrait encore cinq ans pour reconstituer le service clandestin de la Centrale. «C'est tragique», disent-ils. George Tenet a vivement répliqué à ces critiques dans une lettre à Porter Goss. «Je suis très déçu de la façon dont le rapport a choisi de mettre en cause la gestion et les moyens d'un service travaillant dans le secret», ajoute M. Tenet, pour qui il est «franchement absurde» de dire que la CIA n'obtient aucun résultat. Pourtant, le patron démissionnaire de la CIA avait fait son mea culpa en avril dernier devant la commission nationale d'enquête sur les circonstances des attentats du 11 septembre 2001. «Nous avons fait des erreurs», avait-il alors reconnu devant les dix membres de la commission, cinq républicains et cinq démocrates.