Le point original reste l'Iran, curieusement cité et lié à Al-Qaïda. De son côté, l'Irak de Saddam Hussein a été absout de toute complicité avec Ben Laden. La commission américaine sur les attentats terroristes du 11 septembre (2001) a rendu public, jeudi, un rapport de 567 pages. Composée de 10 membres, 5 républicains et 5 démocrates, ayant entendu des milliers de témoins et épluché 2 millions de documents, la commission a conclu à la défaillance des services de renseignements, incapables de détecter les indices suffisants à la prévention d'une telle attaque. “Les attentats n'auraient pas dû être une surprise, énonce-t-elle, des extrémistes islamistes avaient donné énormément d'indications sur leur intention de tuer des Américains sans discrimination et en grand nombre.” Particulièrement accablés, le FBI (sécurité intérieure) et la CIA (renseignement extérieur) n'ont guère eu de choix que d'adopter profil bas. Si la CIA “avait des capacités minimales à lancer des opérations paramilitaires avec son propre personnel (qu'elle) n'a pas cherché à renforcer”, le FBI n'a pas été en mesure “de faire le lien entre les connaissances collectives des agents sur le terrain et les priorités nationales”. D'autant que, “fin août (2001), des responsables de la communauté du renseignement se sont rendu compte que des terroristes repérés en Asie du Sud-Est en janvier 2000 étaient arrivés aux Etats-Unis”. Cela “n'a pas provoqué de réaction immédiate (alors que Zaqarias Moussaoui prenait des cours de pilotage). Personne travaillant sur ces pistes à l'été 2001 n'a fait le lien avec les informations sur le niveau élevé de la menace”. La commission relève qu'au moment où de “nombreuses précautions ont été prises à l'étranger”, suite aux déclarations d'Oussama Ben Laden de frapper les Etats-Unis, “les organismes intérieurs n'ont pas été mobilisés efficacement”. La responsabilité des administrations Clinton et Bush en ont aussi pris pour leurs grades. Car le terrorisme “n'était pas une préoccupation majeure de sécurité nationale avant le 11 septembre.” Et “aucune mesure adoptée par le gouvernement américain de 1998 à 2001 n'a gêné ou même retardé le progrès dans l'exécution des attentats d'Al-Qaïda”. Après l'attaque contre USS Cole, le navire de guerre stationné en mer d'Aden, au Yémen, en octobre 2000, ni Clinton ni son successeur n'ont su “intervenir”, or un “nombre croissant d'éléments ont montré qu'elle avait été lancée par des agents” de cette organisation terroriste. Par conséquence, la commission recommande d'“unifier la communauté du renseignement avec un nouveau directeur national du renseignement” et de créer un “centre national antiterroriste” destiné à “unifier le renseignement stratégique et la planification opérationnelle contre le terrorisme islamiste”. Elle a recommandé également la création d'un “système de partage des données qui transcende les frontières traditionnelles au sein du gouvernement”. La deuxième partie du rapport concerne l'évocation de l'Iran, l'ami de Moscou dans la région du Moyen-Orient. Selon la commission, le pays des mollahs a “cherché à renforcer ses relations avec Al-Qaïda après l'attaque contre USS Cole, Ben Laden ayant lui-même repoussé cet effort afin d'éviter de s'aliéner ses partisans en Arabie Saoudite”. Il demeure évident que l'Iran pourrait être une menace pour les intérêts américains, vu que le leader chiite, Moqtada Sadr, mène, en Irak, la révolte et la guérilla à la fois contre les Etats-Unis et leurs alliés internes. L'influence grandissante de l'Iran sur les 60% de chiites Irakiens est appelée à être contrée. Il est ainsi recommandé de “construire avec l'Arabie Saoudite une relation allant au-delà du pétrole”, communiquer et défendre les idéaux américains dans le monde musulman, développer une stratégie de coalition contre le terrorisme islamiste et “renforcer les engagements pris envers l'Afghanistan et le Pakistan”. La commission a, d'autre part, innocenté l'Irak de ses prétendues implications dans les attaques du 11 septembre ; elle n'a “trouvé aucun, absolument aucun, lien entre l'Irak et les attentats”. L. B.