Les services de renseignement de l'armée américaine ont averti l'Administration Bush dès février 2002 que leur informateur sur des liens entre le réseau terroriste Al Qaïda et l'Irak avait fourni des informations “intentionnellement trompeuses”, indique un document déclassifié rendu public dimanche. Malgré cela, huit mois plus tard, le président George W. Bush avait publiquement accusé le gouvernement irakien de Saddam Hussein d'avoir appris à des membres du réseau d'Oussama Ben Laden à fabriquer des poisons et des gaz mortels. Ces mêmes accusations avaient été reprises par le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, dans son discours devant le Conseil de sécurité des Nations unies en février 2003, pour justifier une intervention militaire américaine en Irak. “Ce nouveau document déclassifié fournit une preuve supplémentaire et dramatique que les déclarations gouvernementales d'avant-guerre étaient trompeuses”, a déclaré le démocrate Carl Levin, membre de la commission des affaires militaires du Sénat. Le document de la Defense Intelligence Agency (DIA) contient une analyse critique des informations fournies par Ibn al Shaykh al Libi, un islamiste radical proche de Ben Laden, qui a été instructeur militaire dans un camp d'Al Qaïda en Afghanistan avant d'être arrêté par les forces américaines fin 2001. En captivité, Al-Libi avait raconté aux enquêteurs de la DIA que les activistes d'Al Qaïda avaient été formés en Irak pour fabriquer des poisons et des produits chimiques mortels. La DIA n'avait pas jugé ces déclarations crédibles, selon le rapport. Les agents de renseignement étaient arrivés à la conclusion que cet homme les “trompait intentionnellement”. R. I./Agences