La peur née au sein de l'opinion publique internationale, quant au regain de l'activité des islamistes radicaux consécutif à la guerre déclenchée par les USA contre l'Irak, est en train de se confirmer. Un peu partout, dans le monde arabo-musulman, l'on assiste, en effet, à la réactivation des réseaux dormants des islamistes radicaux et aux groupes qui prônent le djihad pour porter secours aux “frères” de l'Irak. La peur était légitime. Le danger est là. Et les “effets secondaires” du va-t-en-guerre américain sont signalés quasi quotidiennement. Les talibans qu'on croyait finis ont brusquement repris du poil de la bête en Afghanistan. La preuve ? Ils viennent d'assassiner l'un des plus proches du président Hamid Karzaï, jeudi dernier, le mollah Jailani, qui avait joué un rôle crucial dans la lutte contre les troupes du mollah Omar. Une intense activité des réseaux de l'organisation de Ben Laden est signalée, ces derniers temps, en Afghanistan obligeant les forces du président Karzaï à riposter tuant plus de 150 talibans. Dans la province de Kandahar, un commando, composé de huit éléments armés de pistolets-mitrailleurs, a fait, vendredi, irruption dans une école primaire et y a mis le feu devant un groupe d'enseignants horrifiés. D'après certaines sources, les assaillants se seraient réclamés du mollah Omar, chef spirituel d'Al-Qaïda en Afghanistan. Les analystes affirment que la guerre menée par les Etats-Unis contre l'Irak, en ce qu'elle ravive le sentiment d'appartenance à la “Ouma”, pourrait pousser des milliers d'extrémistes afghans à reprendre les armes. On craint, à juste titre, l'éventuel éclatement de la coalition antiterroriste induite par l'antagonisme qui caractérise les positions des Etats-Unis et la Grande-Bretagne d'un côté, et celle de la Russie et de la France de l'autre par rapport à la guerre contre l'Irak. Une perspective qui risque de réinstaller durablement l'insécurité pas seulement en Afghanistan mais aussi dans toute l'Asie centrale. Au Pakistan, les milieux islamistes redoublent, eux aussi, d'ardeur pour aller combattre en Irak. Depuis le début de la guerre contre le régime de Saddam Hussein, les mosquées de ce pays n'arrêtent pas de servir de tribune pour appeler au djihad. Selon les mollahs locaux, ils seraient des milliers de Pakistanais à être prêts à se rendre en Irak pour combattre les Américains. Des manifestations antiguerre mais surtout anti-américaines sont organisées, de manière permanente, et la rue pakistanaise résonnent aux cris des “Allah ou akbar” quasi quotidiennement. Mais le gouvernement d'Islamabad reste inébranlable face à ces démonstrations de force, lui qui vient d'obtenir l'annulation d'une dette de un milliard de dollars des USA, pour “service rendu”. Pourra-t-il pour autant contenir cette déferlante qui grossit de jour en jour ? C'est dire qu'il y a, véritablement, un risque d'embrasement généralisé, surtout si la guerre contre l'Irak s'installait dans la durée. Ils seraient, en effet, plusieurs milliers à vouloir rallier Bagdad pour prêter main forte aux “frères” irakiens dans une guerre forcément “sanctifiée”. Mais il n'y a pas que cela. Les extrémistes islamistes – qui considèrent l'invasion du pays de Saddam Hussein comme une agression d'un des berceaux de la civilisation musulmane et un lieu symbolique de l'islam chiite – veulent frapper les USA sur leur sol. Ils veulent rééditer le 11 septembre. Le Washington Times rapportait, hier, que des membres du réseau terroriste d'Al- Qaïda tentent, depuis quelques jours, de s'infiltrer aux Etats-Unis via la frontière mexicaine. Ces révélations sont faites par des responsables officiels américains sous le couvert de l'anonymat, qui parlent de 14 lieutenants de Ben Laden qui attendent de traverser la frontière grâce au soutien des organisations criminelles du Mexique, notamment les trafiquants de drogue. Cette bande d'Al-Qaïda projetterait de commettre un attentat à la bombe au métro de Washington comme l'a déjà avoué Khalid Cheikh Mohamed, l'une des têtes pensantes de cette organisation, arrêté le mois dernier au Pakistan. La menace est donc sérieuse de voir cette guerre contre l'Irak servir d'électrochoc pour les mouvements extrémistes de tous bords, au grand dam de George W. Bush qui risque de voir cette bombe à retardement du terrorisme lui exploser, une fois de plus, au visage. H. M.