Mohamed Benchicou devrait retourner devant le tribunal d'Alger le 11 août prochain. Alors que les responsables de son journal, frappé d'une suspension depuis samedi, tentent de réunir la somme exigée par la Simpral, la société d'impression de l'Ouest, à la suite de celle de l'Est (SIE), a décidé, hier, d'arrêter l'impression du Matin. C'est fait. La date du procès en appel du directeur de publication du journal Le Matin, Mohamed Benchicou, est connue. C'est le 11 août prochain. Elle a été arrêtée hier par le tribunal d'Alger. “C'est au cours de la semaine dernière que son dossier a été déposé à la cour d'appel”, lit-on dans un communiqué du Matin rendu public hier. Mohamed Benchicou est, depuis le 14 juin, écroué à la maison d'arrêt d'El-Harrach suite à sa condamnation par le tribunal d'El-Harrach à deux ans de prison ferme et à une amende de 20 millions de dinars sur plainte du ministère des Finances pour “infraction régissant le contrôle des changes et les mouvements des capitaux”. Pour les avocats de la défense comme pour le directeur des douanes, le chef d'accusation retenu contre Mohamed Benchicou ne constitue nullement un délit. Aussi, sa condamnation est vigoureusement dénoncée par la corporation qui s'est fortement mobilisée, au niveau national et international, pour exiger la libération du directeur du Matin et de Ghoul Hefnaoui, correspondant de Djelfa et militant des droits de l'Homme. On a vu dans ces condamnations une volonté politique des pouvoirs publics de museler la presse indépendante. Le 17 juillet dernier, le procureur général près la cour d'Alger, M. Kaddour Berradja, a confié au Soir d'Algérie que le procès en appel de Benchicou “aura lieu au plus tard dans une vingtaine de jours, c'est-à-dire “dans les délais définis par la loi, soit dans un délai ne dépassant pas deux mois, tel que prévu par le code de procédure pénal”. Ce qui s'est produit en effet. Dans un entretien accordé, le 15 juillet, au journal Le Matin, Me Benarbia, un des avocats de Benchicou, s'est montré très optimiste quant à l'issue du procès en appel. “Compte tenu des faits reprochés à Mohamed Benchicou et qui, au regard de la loi, ne constituent même pas l'ombre d'un délit et avec la conviction quant à la compétence des juges d'appel, qui auront à se prononcer en toute souveraineté, ce dossier sera clos, en principe, par une décision de relaxe. Il est évident qu'il revient à ces magistrats d'approuver les faits et d'appliquer la loi”, a-t-il soutenu. Assistera-t-on à la libération de Benchicou à l'issue du procès ? Certains le pensent, croyant déceler, avec la condamnation du directeur d'Er-Raï, Ahmed Bennaoum, après 27 jours de détention, à deux mois de prison avec sursis, une volonté du pouvoir à lâcher du lest. Ceci dit, le collectif des avocats de Mohamed Benchicou s'est réuni, hier, pour peaufiner sa stratégie de défense en vue du procès en appel. Pour leur part, les responsables du Matin font des pieds et des mains pour assurer la reparution de leur titre, objet d'une suspension depuis samedi. “Les responsables du journal sont en train de faire les démarches nécessaires pour réunir la somme exigée par la Simpral. Mais ça n'a pas encore abouti”, assure Ghania Hamadou, désignée par Benchicou en qualité de directrice de rédaction. Mais elle reconnaît la difficulté de l'entreprise, surtout que la suspension est intervenue à une période de vacances. “On ne peut absolument mobiliser une telle somme en une période aussi courte”, regrette-t-elle. Aussi, elle estime que le retour du Matin sur les étals est conditionné par “la volonté politique des pouvoirs publics à lever les sanctions et les mesures de représailles. Car même si on paie, ils peuvent toujours nous ressortir autre chose”. Le ministre de la Communication est-il saisi sur cette affaire ? “Oui. On l'a informé que la suspension du journal s'inscrit en faux contre les assurances qu'il a données à la corporation. Officiellement, il n'a pas répondu. Je suis sceptique”, répond-elle. Comme pour emboîter le pas à la Société d'impression de l'Est (SIE), celle de l'Ouest (SIO) a, elle aussi, rendu destinataire les responsables du Matin de sa décision d'arrêter l'impression de leur journal par “solidarité avec la Simpral”. Tout en exigeant le paiement de 3 millions de dinars. A. C. Le Communiqué du Matin La date du procès en appel du directeur gérant du journal Le Matin, Mohamed Benchicou, a été fixée, hier, par le tribunal d'Alger au 11 août prochain. C'est au cours de la semaine dernière que son dossier a été déposé à la cour d'appel. Mohamed Benchicou a été condamné le 14 juin dernier à deux années de prison ferme et est incarcéré depuis cette date à la prison d'El-Harrach. L'enrôlement de l'affaire est intervenu le lendemain de la suspension du journal depuis vendredi dernier, suite au refus d'impression par son imprimeur, Simpral. Jeudi dernier, la santé de Mohamed Benchicou s'est aggravée. Comité nationale pour la libération des journalistes La salle de l'UGTA “non-disponible” Le comité nationale pour la libération des journalistes a sollicité de l'UGTA sa salle des conférences pour son forum prévu pour mercredi prochain. L'UGTA, dans un communiqué rendu public hier, a exprimé son “regret” de ne pouvoir donner une suite favorable à la demande du comité. La raison invoquée : les travaux de réfection de la salle qui a obligé l'administration à mettre le personnel en congé. Mais un congé qui a tout l'air d'être “diplomatique”.