Le journal n'a pas pu acquitter la totalité de ses créances en raison d'une saisie arbitraire opérée sur un de ses comptes bancaires. Le Matin ne sera pas sur les étals aujourd'hui et probablement pas demain, alors que son directeur a été destinataire, hier, de quatre convocations émanant de la brigade financière de la sûreté de la wilaya d'Alger. Deux convocations ont été déposées au siège du journal par des policiers, tandis qu'une troisième a été acheminée à son domicile et remise à sa mère. Tard dans la soirée d'hier, une quatrième convocation a été déposée au siège du Matin. Dans ce document, il est demandé à Mohamed Benchicou de se présenter, aujourd'hui, à 8 heures, au siège du commissariat central. D'ores et déjà, le collectif du journal s'est mobilisé et a pris la décision d'accompagner son directeur à cette audition. Une chose est sûre, notre confrère ne paraîtra pas aujourd'hui et entamera ainsi son huitième jour de suspension. Pourtant, comme prévu, la direction de ce journal a réuni la somme réclamée par les imprimeurs, mais un de leur compte a été bloqué. Les responsables du Matin étaient prêts à régler, avant-hier, presque la totalité de leurs factures d'impression à la SIE, à la SIO et à la Simpral. Il ne restait que 10% du montant réclamé par ces imprimeurs. Une somme que devait verser ce journal à la Simpral. Mais, les responsables de cette imprimerie avaient rejeté le chèque du Matin au motif qu'il n'était pas certifié. Le lendemain, soit hier, l'administrateur du journal s'est présenté à la BDL d'Hussein Dey pour accomplir cette formalité. À sa surprise, les responsables de cette banque lui signifient qu'il était impossible d'établir un chèque certifié en raison du fait que le compte du Matin avait fait l'objet d'une saisie. Lorsque l'administrateur du Matin a demandé des explications, les responsables de la BDL se sont juste contentés de répondre que cette décision a été prise à la suite d'une enquête de la brigade économique du commissariat central, à la demande la direction générale de la BDL. En fin de journée, une délégation de la direction générale de la BDL s'est déplacée à la succursale d'Hussein Dey pour étudier avec les responsables de cette agence le cas du Matin. À l'issue d'une réunion, les responsables de cette banque ont promis à l'administrateur du journal de lui délivrer le chèque certifié aujourd'hui. Les journalistes du Matin se disent convaincus que le pouvoir est déterminé à utiliser n'importe quel moyen pour museler les journaux qui ne sont pas à ses ordres. Il use de pratiques vicieuses au-delà de l'indécence. Tous les moyens, même illégaux, sont mis en branle pour parvenir à ses fins. Les lecteurs du journal Le Matin étaient soulagés d'apprendre qu'ils pouvaient enfin lire leur journal aujourd'hui. Malheureusement, ce ne sera pas le cas, le pouvoir en a décidé autrement. M. B.