Depuis une décennie, la région de la Mitidja subit de plein fouet l'invasion inopportune du béton. Réputée pour être une zone qui abrite de nombreux projets industriels, la wilaya de Blida, du moins certaines de ses communes, négligent les aspects environnementaux. La croissance économique naissante n'a, apparemment, pas été suivie d'un intérêt pour la préservation de l'environnement dans ses différentes facettes. Si l'édification d'infrastructures sur des terres agricoles fertiles semble devenir un acquis pour d'innombrables opérateurs, déplorent les habitants, les atteintes incommensurables de la nature sont devenues monnaie courante. La responsabilité n'incombe pas forcément, dans plusieurs cas, aux autorités locales. Les services des APC tentent à chaque fois d'empêcher ce type de constructions illicites, mais en vain. Les auteurs de ces actes illégaux ont toujours eu le dessus dans les conflits qui en découlent. Ils ont la main forte. Tous les moyens sont bons pour atteindre son objectif y compris la corruption, les menaces, l'indifférence et le non-respect des normes liées à la nature et à l'environnement. À Haouch-Ben-Zahra, sis dans la commune de Béni Merad, une décharge publique clandestine, pollue la périphérie et rend la vie des riverains difficile, voire impossible. Erigée d'une manière illégale et spontanée par les industriels et autres opérateurs de la région, la décharge reçoit quotidiennement une vingtaine de camions chargés de toutes sortes de déchets. À notre arrivée sur les lieux, un camion traverse tout le long d'un bord de la rivière, Oued Béni Azza, transformé en décharge, pour y déposer les détritus de bois. L'acte a été accompli à quelques centaines de mètres des habitations et du complexe agroalimentaire et autre minoterie… Selon l'un des riverains, une trentaine de familles habitant les environs souffrent tous les jours que Dieu fait des odeurs nauséabondes que dégage cette décharge. Tous les soirs, les habitants respirent les effluves asphyxiants de la fumée. Au moment où tous les Algériens ouvrent leurs fenêtres pour profiter des bienfaits de l'air et de la fraîcheur après une longue journée caniculaire, ils sont malheureusement sommés malgré eux, de fermer toutes les ouvertures de leur habitation afin d'éviter un tant soit peu les émanations du brûlé. Au lieu de sortir dehors pour jouir des exhalaisons de la végétation qui entoure la localité, ils sont condamnés à rester chez eux et s'offrir une “bouffée d'oxygène” d'une autre nature… Pis, des résidus de papier sont également jetés dans cet endroit au risque de brûler facilement avec les grandes chaleurs. Des riverains ont procédé à l'extension de la décharge au lieu de mettre un terme à ce massacre naturel. Pour une meilleure protection de la rivière, les colons avaient placé des gabions que des gens ont arrachés pour extraire du sable et du tout venant. “Cette décharge n'a jamais existé. Elle est clandestine, illégale et n'a vu le jour que depuis 8 mois”, dira notre interlocuteur. Ce n'est pas de l'avis de l'adjoint du maire de Béni Tamou, M. Menzer, qui avoue que la décharge date de 1985. Ce responsable indique que les services de l'APC ont formulé plusieurs demandes de camions-poubelles aux autorités compétentes sans obtenir la moindre réponse. Pour lui, l'endroit où se trouve la décharge n'est pas peuplé. “Il y a pas d'habitants à cet endroit”, affirme-t-il. Outre la dotation de la commune en camions, M. Menzer propose la création d'une autre décharge collective aux frontières des trois communes à savoir, Oued Alleug, Ben Khellili et Béni Tamou, comme seconde solution. Sinon, pour le moment aucune autre solution ne peut être envisagée. Car, argue-t-il, si l'on n'évacue pas les ordures des 40 000 habitants de la commune, la catastrophe s'installera au bout de deux jours… Pourtant, deux décharges autorisées, celle de Béni Merad et de la Chiffa sont encore opérationnelles… B. K.