Après un long silence, les promoteurs du plan de paix non officiel plus connu sous l'appellation d'“initiative de Genève” reviennent au-devant de la scène avec des propositions détaillées cette fois-ci. Yasser Abd Rabbo, l'ancien ministre de l'Information, et Yossi Beilin, l'ex-garde des Sceaux israélien, estiment désormais que leur proposition de paix est devenue une référence que l'on ne peut ignorer. Partant de là, les deux hommes envisagent de se lancer dans une opération visant à expliciter davantage le contenu de leur initiative, lors des prochaines semaines. Un élément de taille est venu conforter la position des promoteurs du document. Dans le but de s'attirer le soutien des quatre membres du quartette international, Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU, Abd Rabbo et Beilin ont annoncé que leur principale référence sera “la feuille de route”. Ils comptent sur le concours du quartette pour mettre en œuvre leur initiative. Yossi Beilin n'a pas manqué d'écorcher au passage Ariel Sharon en estimant que son plan de séparation de la bande de Gaza pouvait constituer “une situation qui pourrait être désastreuse pour les deux peuples”. Il a rappelé que l'objectif de leur initiative est d'éviter d'arriver à ce genre de situation. Pour Yasser Abd Rabbo, leur engagement est motivé par la menace planant sur la solution basée sur “les deux Etats israélien et palestinien” d'où leur peur d'assister à “un retour en arrière et à de graves préjudices”. Selon lui, “le plan de Genève représente un modèle de négociations pour le statut final”. Il prévoit “un accord sur le statut permanent” et un engagement des deux parties à “renoncer à présenter toute revendication”. L'initiative de Genève ne laisse rien au hasard. Outre l'évacuation quasi totale de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, il est prévu une souveraineté partagée sur la ville de Jérusalem. Quant au droit au retour en Israël des 3,8 millions de réfugiés palestiniens et leurs descendants, il n'en sera plus question. Il appartiendra alors à l'Hébreu de statuer sur le nombre d'entre eux qui pourrait rentrer. Ainsi, bien qu'elle s'inspire de la feuille de route du quartette, la proposition de paix de Yasser Abd Rabbo, à laquelle sont associés environ soixante-dix délégués des deux côtés, a le mérite d'aller au fond des choses concernant certains points, notamment ceux relatifs au statut de Jérusalem et celui des réfugiés palestiniens. Sa mise en œuvre est tributaire de l'accueil que lui réservera la communauté internationale. Jusqu'ici, le Chef du gouvernement israélien n'a pas voulu en entendre parler alors que le leader palestinien l'a à peine soutenue. Quant aux Etats-Unis, George Bush avait encouragé Yasser Abd Rabbo et Yossi Beilin à persévérer dans leur initiative lorsqu'il les a reçus à Washington, sans cependant aller au fond des choses. L'Union européenne (UE) a accordé plus d'importance à l'événement en souhaitant l'aboutissement du projet. Il faut attendre maintenant les détails du document, qui seront présentés dans quelques semaines, pour savoir quel sort il lui sera réservé. K. A.