La disponibilité foncière demeure un problème épineux auquel sont confrontés les services concernés du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme (MHU) pour la mise en œuvre de tous ses programmes de logements tracés jusque-là. Les 65 000 logements projetés par la CNEP/Banque suivant la formule de location-vente a buté pendant plusieurs mois sur cet écueil qu'est le foncier. Pour l'instant, seuls quelque 9 000 logements ont trouvé un terrain d'implantation. Le million de logements, projet cher au président de la République, pour les cinq années à venir, n'échappe pas à cette réalité du… terrain. Hormis, cette exclusivité d'être le premier chef de l'Etat qui lance un programme aussi ambitieux qui ferait surgir les compétences et la crème du pays, les chances que le projet en question aboutisse aux résultats escomptés restent minimes. Un million de logements coûtera 10 milliards de dollars US soit 1 000 milliards de DA en cinq ans. C'est l'équivalent de 200 000 logements/an pour une valeur de 2 milliards de dollars US/an soit 200 milliards de DA/an. Ce qui équivaut aussi à 17 000 logements/mois d'un montant de 17 millions de dollars US, soit 1,7 milliard de DA. Les assiettes de terrain disponibles sont, d'ores et déjà recensées à travers le pays. Ainsi, dans les 23 wilayas du littoral, il a été enregistré 0,0031 hectare/habitant (ha/hab). Sur les 15 wilayas des Hauts-Plateaux, le recensement effectué fait ressortir une disponibilité de 0,038 ha/hab. Au Sud, 10 wilayas offrent un taux de 0,011 ha/hab. Par conséquent, cette étude indique qu'une meilleure disponibilité foncière est constatée sur les communes des Hauts-Plateaux et au Sud. Ce qu'il ne doit pas laisser indifférents les concepteurs du programme à orienter leurs efforts vers ces localités. Or, le programme de Bouteflika accorde 30% soit, 300 000 logements pour le social locatif (LSL) sur 5 ans, 25%, soit 250 000 logements sociaux participatifs (LSP), 25%, c'est-à-dire 250 000 pour l'habitat rural (HR) et 20%, soit 200 000 logements individuels et promotionnels. La cheville ouvrière de cet ambitieux programme doit être évidemment les 1 541 communes que compte le pays. Il appartient, en effet, aux collectivités locales de faire des propositions d'offres d'assiettes foncières pour l'implantation d'un million de logements. Chaque APC aura, selon un calcul établi par des experts, à réaliser annuellement 39 LSL, 33 LSP, 33 unités pour HR et 26 logements individuels et promotionnels. En somme, chaque commune construira 131 logements/an soit 655 logements en cinq ans. Une problématique et non des moindres vient, en revanche, se greffer aux autres contraintes. Il s'agit de cette tradition qui fait que les grandes villes absorbent généralement tous les programmes de logements qui leur sont soumis. Pis, celles-ci ne s'intéressent pas trop à l'habitat précaire. Cette situation créera, par voie de conséquence, un certain déséquilibre dans la mise en œuvre du projet entre les différentes régions. L'étude du sol, cet important paramètre négligé dans la concrétisation des projets et qui a causé la catastrophe du 21 mai 2003, nécessite, maintenant que tous les responsables s'y intéressent, l'existence en nombre suffisant de laboratoires modernes et efficaces. Mais, ces établissements souffrent toujours de l'obsolescence de leurs matériels. L'autre difficulté a trait à ce déficit en main d'œuvre qualifiée et multidisciplinaire. L'Etat accuse déjà un retard de 5 mois pour la formation des maçons et autres. À ce propos, un équilibre régional en fonction de l'importance du programme affecté pour chaque commune est plus qu'indispensable. Les 5 000 architectes listés doivent être également sollicités pour la réalisation de ce projet d'envergure. Des caves de sable et de gravier sont en outre à prévoir… Autant de facteurs, donc, sur lesquels les initiateurs du programme doivent se pencher sérieusement. B. K.