Le sureffectif n'est pas le seul problème de l'université, la sécurité des salles de prière et le contrôle des organisations estudiantines sont aussi d'actualité. Le ministre des Affaires religieuses et son homologue de l'Enseignement supérieur n'ont pas livré une vision cohérente du gouvernement algérien vis-à-vis des salles de prière et des mosquées universitaires. Bouabdellah Ghoulamallah a déclaré, lundi, lors du forum du quotidien Djazaïr News, n'avoir pas de contrôle, ni direct ni indirect, sur ces lieux de culte. “Cela ne relève pas de notre compétence”, avait-il dit. Mardi, Rachid Harraoubia, dégageant toute responsabilité de son département, a exprimé le souhait de voir le ministère des Affaires religieuses prendre en charge la question. Celle-ci peut, en fait, relever carrément du ministère de l'Intérieur, dès lors qu'il s'agit d'une affaire de sécurité interne qui, parfois, a provoqué des dérives et des dépassements graves et dangereux. D'autant que les comités estudiantins des cités et des campus s'en servent à des moments de zèle ou d'égarement pour déclencher des révoltes à l'encontre de leurs autres camarades. Il ne faut donc pas s'en cacher, les salles de prière et les mosquées universitaires ont toujours eu des liens avec des organisations estudiantines connues. Avec l'arrivée massive de nouveaux effectifs se posera certainement le problème de leur contrôle. En janvier 2003, dans un entretien au Matin, le directeur de l'Office national des œuvres universitaires (Onou) relevait : “Elles (les organisations estudiantines ndlr) font tout sauf accomplir leur mission qui est d'organiser des activités culturelles, sportives et scientifiques.” Ces structures, toutes relais de partis politiques, sont régies par la loi 90/03 relatives aux associations ; une partie de leur financement provient de l'Onou vu qu'elles sont homologuées par le ministère de l'Intérieur. M. Harraoubia affirme en avoir radié depuis la flambée de violence de 2003, quand des étudiants avaient été tués à Oran et à Tlemcen, ou quand d'autres ont été blessés par des membres reconnus de l'Ugel à la cité Amar-Bouraoui d'El-Harrach, à Alger. L'intervention discrète et efficace des pouvoirs publics a sans doute permis de ralentir l'activité partisane des organisations concernées, mais on reste loin des suggestions des responsables universitaires. Le recteur de l'Université d'Alger, Tahar Hadjar avait proposé, dans un entretien à El Watan, en février 2003, la création d'une “police universitaire qui dépende des responsables universitaires”. “Tout ce que nous avons, ce sont des agents de sécurité qui font plus de la surveillance que de l'intervention”, avait-il noté. C'est un esprit pratique qu'a proposé M. Hadjar. Le gouvernement, peu communicatif, pourrait y songer sérieusement. Ils devraient à tout le moins trouver le moyen de faire concorder les thèses de ses membres sur ces questions précises. L. B.