Une grande mosquée sera bâtie à Alger durant les cinq années à venir. Le ministre des Affaires religieuses, Bouabdallah Ghoulamallah, a affirmé que son département ne contrôlait pas les salles de prière des cités et des enceintes universitaires. “Ces salles ne sont pas de notre ressort et échappent de fait à notre champ d'action et de contrôle”, a dit le ministre, hier, à l'hôtel El-Aurassi (Alger), au cours du forum hebdomadaire du quotidien arabophone Djazaïr News. Cette franche affirmation de M. Ghoulamallah confirme les appréhensions suscitées, en leur temps, par les tensions entre étudiants, prenant souvent leur source dans des salles de prière, et qui, parfois, se ponctuaient — comme à Tlemcen et à Oran — par des décès, ou comme à Bouraoui, une des cités U de la capitale par de nombreux blessés. À maintes fois, une organisation estudiantine islamiste, donc en relation avec les lieux de culte sacrés, était désignée du doigt sans que l'Etat réagisse publiquement. Depuis, il est vrai, les enceintes ont retrouvé leur sérénité et leur quiétude. Il fallait juste s'y attarder vu que Bouabdallah Ghoulamallah avait dressé un constat nettement positif des activités de son administration. Il a noté, non sans satisfaction, que le “ministère des Affaires religieuses gère directement l'ensemble des 15 000 mosquées du pays, dont la moitié se trouve dans la seule wilaya de Tizi Ouzou. Aucune n'échappe à notre administration”. Celle-ci supervise, indirectement, “par le biais de son directeur des affaires religieuses, la totalité des projets de mosquées en construction”. Ces projets, estimés entre 300 et 400 annuellement (pour autant de réalisations), sont confiés à des comités populaires habilités et autorisés à suivre le déroulement des travaux. Une fois fonctionnelles, leur gestion et leur maintenance reviennent à l'Etat. Il y a, actuellement, près de 3 400 lieux de culte en construction, selon le ministre. M. Ghoulamallah a également la franchise de reconnaître le déficit en matière d'encadrement en Kabylie. Dans cette région, toutes les mosquées n'ont pas d'imams désignés, voire pas d'imams du tout. Cela s'explique par le fait que “les mosquées sont parfois situées dans des villages lointains ou isolés dont les citoyens souhaitent la désignation d'imams locaux pour éviter les problèmes de communication. Aussi, se retrouve-t-on quelquefois dans des situations où le gîte n'est pas garanti”. Le ministre a souligné sa volonté de redonner à la mosquée, en tant qu'institution religieuse, culturelle et sociale, sa vocation véritable ; il dit lui chercher “en harmonie avec les autres institutions de la République, une dimension ambitieuse qui la débarrasserait des luttes politiques dans lesquelles certains ont tenté de l'embrigader durant les années précédentes”. Cette dimension a déjà commencé avec les directives adressées aux comités des mosquées concernant la collecte de la zakat de l'Aïd dont la moitié des recettes sera reversée dans l'investissement. “Nous voulons que nos lieux de culte servent aussi à créer de l'emploi et ne plus se contenter d'être des lieux de prière et d'invocation”, a-t-il souligné. Cet investissement pourrait prendre la forme d'entreprises créées au bénéfice des jeunes. Près de 118 millions de dinars ont ainsi été réunis, 70% sont dores et déjà octroyés comme aide à 25 000 familles nécessiteuses ; les 30% restants devraient être investis. Le ministère des Affaires religieuses prévoit également l'ouverture d'un compte courant pour le dépôt de la zakat, des biens et de l'argent (l'aumône légale, ndlr), gérés par des citoyens, à travers la constitution de comités, et chargés eux-mêmes de la distribuer à qui de droit. M. Ghoulamallah a annoncé, par ailleurs, la réalisation, durant les cinq prochaines années, de la Grande Mosquée d'Alger, au Caroubier, dans la circonscription d'Hussein Dey, à Alger. Cet édifice “imposant va créer pas moins de 1 500 postes d'emploi”, d'après lui. Le ministère semble tellement tenir à l'emploi et à l'investissement qu'il a décidé, pour le Hadj (Pèlerinage aux Lieux Saints de l'Islam), de collaborer avec les agences de voyage qui font venir le plus de touristes en Algérie. Ces agences vont gérer 10 000 pèlerins, au lieu de 6 000 précédemment. L'Algérie enverra, selon un quota préétabli, et en fonction de sa population globale, 32 000 hadjs en Arabie Saoudite. La première partie du tirage au sort aura lieu ce jeudi. L. B.