Ghoulamallah se désole que les mosquées universitaires lui échappent. On ne sait pas ce que les imams universitaires font des salles de prière des zones universitaires, mais on sait maintenant que le ministre des Affaires religieuses aurait aimé sévir jusque dans les campus. Le ministre dont le département est à l'origine d'une mémorable fetwa contre le journal Liberté trouve peut-être que son empire n'est pas suffisamment étendu pour amplifier ses commandements et les rendre, à l'occasion, plus efficaces. Loin du ministre l'idée de mettre l'Université à l'abri de la mainmise islamiste ! Pourtant, il est connu que la franchise universitaire a historiquement servi à semer le grain de la haine. Pendant que tout autre expression était réprimée par la torture, la surveillance policière, l'arrestation, la torture et la Cour de sûreté de l'Etat, l'islam politique se voyait allouer, à l'intérieur des établissements d'enseignement supérieur, des espaces d'immunité où il pouvait s'épanouir. Une franchise universitaire assidûment violée par la police politique renfermait une franchise inviolable de l'activisme islamiste. Si bien que Kamel Amzal, première victime de l'intégrisme algérien tombait, dès 1982, dans la faculté de droit. Depuis, les choses n'ont pas changé. C'est encore l'Université qui, au début des années 1990, offrait au terrorisme le groupe armé le plus meurtrier de la mouvance intégriste et qui fait des ravages parmi les… universitaires. Le fléau du Fida n'entama point le laxisme d'Etat envers l'intégrisme universitaire. Ces dernières années de tragiques évènements initiés autour de thèmes bigots ont, à nouveau, assombri l'image de l'espace universitaire. Dans la cité universitaire de Bourouba à Alger, sur le campus d'Es-Sénia et à l'Université de Tlemcen, des expéditions punitives, entreprises par des organisations étudiantes vouées au rigorisme religieux, ont ensanglanté ces lieux réputés de savoir. Quand il a été acquis que tout espace de vie collective appelait en son sein un espace de vie religieuse où le prosélytisme le plus zélé et le plus charlatan est permis, il ne sert à rien de s'étonner que les espaces incontrôlables de la propagande militante prolifèrent dans un dangereux laisser-faire. Pourquoi s'inquiéter de l'endoctrinement des seuls étudiants, alors que la propagande fanatique touche les lycéens et même les écoliers ? En dehors de l'enseignement, les lieux de culte se nichent partout : dans l'usine comme dans la caserne. Cela dit, si l'on se réfère aux édits d'un ministère qui a pu se rendre auteur d'une appel à la vindicte contre un journal retransmis par des mosquées sous tutelle, on peut se demander s'il n'est après tout pas salutaire que lui échappent encore quelques lieux de culte. M. H.