La coopération militaire a été au centre des discussions. Ventes d'armes, formations d'officiers et manœuvres communes dans le cadre des 4+3, les présidents Bouteflika et Chirac se sont mis d'accord sur plusieurs points. Les principaux axes de la coopération militaire algéro-française se précisent. Lundi, au cours de leur déjeuner informel au Fort de Brégançon, la résidence d'été de Jacques Chirac, le chef de l'Etat algérien et son homologue français ont longuement évoqué le sujet. Selon nos informations, Abdelaziz Bouteflika a fait part à Jacques Chirac de ses projets pour l'armée algérienne. L'Algérie veut mettre en place dans les cinq ans à venir une véritable armée professionnelle. Des unités d'élite supplémentaires spécialisées dans la lutte contre la guérilla seront également créées dans le cadre de ce plan. La nouvelle armée sera équipée d'un matériel militaire moderne. Grâce à des réserves de change confortables, l'Algérie compte dépenser plusieurs milliards de dollars dans ce projet. “C'est tout à fait normal que l'Algérie s'équipe actuellement en armes. Elle vient de subir un embargo qui a duré plus de dix ans et son matériel militaire commençait à devenir vétuste”, explique un spécialiste des questions de défense. Pour mettre en place son projet, Alger compte sur le soutien de Paris. En juillet dernier, lors de sa visite à Alger, la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, s'est engagée à mettre en place une véritable coopération militaire entre les deux pays pour aider l'Algérie à moderniser son armée. “Le moment est venu de tourner la page. (...) Nous faisons face aux mêmes menaces”, a-t-elle dit au président algérien. Un engagement confirmé, lundi dernier, par le président Jacques Chirac, malgré les réserves des voisins de l'Algérie, particulièrement le Maroc, la Libye et l'Egypte. Car pour Paris, l'enjeu est d'importance : empêcher les Américains d'accroître leur influence militaire dans la région du Maghreb. Ce qui constituerait une menace sérieuse pour les intérêts français dans la région. À partir de l'année prochaine, la France accueillera dans ses écoles militaires et ses casernes des officiers et des sous-officiers algériens pour les former aux techniques de guerre les plus modernes. Des instructeurs militaires français seront envoyés régulièrement en Algérie pour former les éléments de la future armée professionnelle. Côté armement, la France vendra à l'Algérie des chars Leclerc et des avions Rafale. Alger achètera également du matériel destiné à la lutte contre les groupes terroristes. Jusqu'à présent, l'armée algérienne s'équipait presque exclusivement auprès de firmes russe ou sud-africaine. L'amélioration des relations algéro-françaises devrait également offrir à l'armée algérienne de nouvelles perspectives de coopération avec celles des autres pays d'Europe. Le Portugal, l'Espagne et l'Italie seraient déjà prêts à autoriser leurs armées à mener des manœuvres communes avec les armées algérienne, marocaine et tunisienne. Une idée qui sera discutée en novembre prochain à Alger à l'occasion de la réunion des ministres des Affaires étrangères des 4+3. Au grand désespoir des Libyens et des Egyptiens. L. G.