Pour Alliot-Marie, il ne faut pas se contenter de voeux pieux mais d'actions concrètes de partenariat. La ministre française de la Défense, Mme Alliot-Marie a clos, hier sa visite en Algérie, sur une note d'optimisme quant au renforcement des relations entre l'Algérie et la France. Cette visite d'un ministre français de la Défense depuis 1962 est symbolique à plus d'un titre tant elle permet de «tourner la page» d'un passé tumultueux et de traduire dans les faits l'esprit du traité d'amitié qui va être conclu l'année prochaine entre les chefs d'Etat des deux pays, MM.Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac. La visite de Mme Alliot-Marie a débouché sur des actions concrètes en matière de coopération militaire et de coordination en matière de lutte antiterroriste. L'Algérie qui s'est inscrite depuis les évènements du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, dans le cadre de l'engagement dans le cadre de la lutte internationale contre le terrorisme, n'a pas hésité à se joindre à l'Otan en ouvrant ses eaux territoriales à des manoeuvres militaires conjointes avec les armées de la rive nord de la Méditerranée. Pour Mme Alliot-Marie, la coopération militaire ne doit pas revêtir un caractère purement classique, à savoir la vente d'armes, mais elle doit s'étendre à un «partenariat stratégique». En annonçant la signature en automne prochain d'un «accord global de coopération militaire», la ministre française de la Défense s'est voulue pragmatique. Cinquante ans après le début de la guerre d'indépendance de l'Algérie, Paris et Alger ont décidé de s'engager pleinement dans une coopération militaire stratégique. Les bases de cette nouvelle approche incluant les pays des rives nord et sud de la Méditerranée, seront jetées à l'occasion de la réunion des «4+3» devant avoir lieu, à Paris, en septembre ou en octobre prochain. Ce partenariat, pour lequel Alger a donné son accord, pourrait déboucher, à terme, sur des exercices navals conjoints et la formation d'officiers. Une opportunité pour les deux armées de «se connaître» davantage. Un partenariat est aussi envisagé «le développement de nos relations au niveau de la formation (de soldats), des échanges au sein des états-majors et des fonctionnements de nos services de renseignements». Pour Alliot-Marie, il ne faut pas se contenter de voeux pieux mais d'actions concrètes de partenariat d'exception prôné par le chef de l'Etat français lors de sa dernière visite à Alger. La coopération militaire a été au centre des discussions, hier au siège du ministère de la Défense nationale entre Alliot-Marie et le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire par intérim, le général-major Ahmed Gaïd Salah. Les deux parties ont examiné, au cours de l'entretien, «la poursuite du développement des relations bilatérales dans le cadre de la coopération militaire», indique un communiqué du ministère de la Défense nationale. L'autre fait symbolique, et non des moindres, à avoir marqué la visite de Mme Alliot-Marie est incontestablement l'hommage rendu aux anciens combattant d'Indochine et de la Première et Seconde Guerres mondiales, dont le nombre est estimé à plus de 35000. Mme Alliot-Marie avait rendu hommage, samedi, au premier jour de sa visite à Alger, aux «milliers d'enfants d'Algérie qui ont aidé notre pays à se libérer». La ministre française de la Défense a confirmé, par ailleurs, que l'Etat français allouait une enveloppe de 64 millions d'euros pour la revalorisation annuelle des pensions d'anciens combattants algériens ayant servi pour la France, dans le cadre de la «décristallisation» des pensions des soldats des anciennes colonies françaises. A noter qu'au cours de son séjour, l'hôte de l'Algérie a rendu hommage, hier, au cimetière de Saint Eugène, aux quelque 630 soldats français morts lors de la guerre d'Algérie. Enfin, la présence du chef de l'Etat le 15 août prochain en France, pour assister aux festivités commémoratives du débarquement allié en Provence, est un autre signe augurant le rapprochement entre les deux pays. Cela, même si la France ne partage pas forcement les analyses et positions de l'Algérie par rapport à certaines questions régionales, notamment le conflit du Sahara occidental.