Les effets nocifs de l'amiante sur la santé publique ne sont plus à prouver, ce matériau étant classé depuis 1975 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) dans la catégorie des substances cancérigènes pour l'homme. Les pathologies liées à l'exposition à l'amiante sont irréversibles et très graves. En plus d'être invalidantes, elles peuvent être mortelles. Ce sont là quelques données, inquiétantes il faut le dire, fournies par des intervenants lors d'une journée technique sur l'amiante, organisée, hier, par la wilaya d'Alger et le CNAT (Centre national d'assistance technique). Si de nombreux pays industrialisés ont fini par prendre des mesures draconiennes en ce qui concerne l'amiante en dépit de la polémique qui a entouré son utilisation, certains, comme la France, allant jusqu'à son interdiction, le problème de l'amiante n'est pas encore très bien perçu en Algérie. Notre pays est pourtant doublement concerné en tant qu'utilisateur (25 000 tonnes actuellement) et en sa qualité de producteur de produits manufacturés (tôle ondulée, tuyaux de canalisation et produits de moulage) et de déchets à raison de 500 tonnes par an, parfois à ciel ouvert. Dans le bâtiment, l'amiante a été utilisé de manière particulièrement intensive durant les 30 dernières années en raison de ses différentes propriétés, notamment sa résistance aux hautes températures et aux substances chimiques agressives, et aussi pour son faible coût. Des hôpitaux, des infrastructures sportives et culturelles, des universités et des établissements scolaires pourraient donc être concernés. Même si cela n'a pas été dit explicitement, le domaine de l'habitat n'est pas à écarter, comme c'est le cas de la Cité Diplomatique de Dergana, où la présence de l'amiante a été révélée par la presse, ainsi que des nombreuses cités construites en préfabriqué depuis le début des années 80. Jusqu'à aujourd'hui, seule la Coupole de l'Office du complexe olympique Mohamed-Boudiaf a subi un désamiantage dont les travaux sont en voie d'achèvement, l'existence de l'amiante ayant été avérée et portée à l'opinion publique. Le sujet étant presque tabou, la prudence semble être de mise. Bien que l'Algérie ait institué en 1999 une réglementation se rapportant à la détection et au traitement des matériaux amiantifères dans les constructions, il faut savoir que nous sommes encore au stade du diagnostic. Signalons, enfin, que des formations ont été dispensées en France à des techniciens dans le cadre de la coopération algéro-française. R. M.