Déjà et pas plus tard que l'année dernière, le ministre de la Santé et de la Population, Amar Tou, tirait la sonnette d'alarme sur l'utilisation abusive de l'amiante. Produit connu pour sa dangerosité et son pouvoir cancérigène. Amar Tou, d'ailleurs, le classait alors second produit particulièrement nocif et à l'origine des cancers. Juste après le tabac. S'il est reconnu scientifiquement un pouvoir de dépendance entre le consommateur et la nicotine, et ce, malgré son caractère nuisible pour la santé, qu'en est-il de l'amiante ? Car rien ne prédispose à une relation d'amour-haine entre le consommateur et le produit. Pourquoi est-il si répandu ? Quelles actions sont menées pour l'éliminer de notre environnement ? La seule relation de dépendance qui nous lie à l'amiante se chiffre en dinars. Nulle dépendance physique comme pour la nicotine. Pis : une dépendance financière. En effet, l'amiante est l'unique produit dont les caractéristiques physico-chimiques le placent au-dessus des fibres artificielles comme la fibre de verre ou la fibre de roche. Le matériau est exceptionnel pour l'isolation, les joints ou les garnitures de friction telles que l'embrayage et les plaquettes de frein. Hormis sa résistance à de fortes températures, son coût est cinq fois inférieur à celui des fibres minérales artificielles. Mais son utilisation la plus répandue a été dans le bâtiment entre 1960 et 1980. Dans 90% des cas, l'amiante est combinée au ciment. Et c'est parce que son usage a été intensif qu'il est difficile aujourd'hui de revenir en arrière et de la retirer sans démolir. Par ailleurs, le coût du désamiantage n'est pas des plus encourageants. Pourtant, nul doute sur les impacts nocifs sur la santé des individus qui en respirent. En effet, une corrélation a été établie entre l'exposition aux fibres d'amiante et certaines pathologies respiratoires. Certaines maladies pouvant être mortelles telles que le cancer broncho-pulmonaire. D'autres peuvent se déclarer jusqu'à plus de 50 ans après les premières expositions aux fibres d'amiante. A titre d'exemple, suite à l'effondrement des tours jumelles lors de l'attentat à New York le 11 septembre 2001, les citadins se sont inquiétés du gros nuage d'amiante qui planait pendant des mois sur une partie de la ville. Pour les activités de fabrication et de transformation des matériaux contenant de l'amiante, il est recommandé que la concentration moyenne en fibres dans l'air ne dépasse pas 0,1 fibre/ cm3 sur 8 heures de travail. Pour les activités de confinement et de retrait, 0,1 fibre par cm3 sur 1 heure de travail. C'est dire de la dangerosité du produit qui ne peut être repéré qu'à l'examen microscopique. Au Royaume-Uni, l'amiante fait l'objet d'une réglementation précise à l'effet de protéger les travailleurs depuis 1931. En Allemagne, son utilisation est interdite depuis les années 1980. En France, il faudra attendre 1997 pour que l'usage de l'amiante soit formellement interdit. Enfin, l'Europe s'est décidée à l'interdire sur l'ensemble de son territoire depuis 2005. La toxicologie de l'amiante est connue depuis les années 1960. Mais son faible coût dans le secteur du bâtiment l'a maintenu au sommet de la hiérarchie des matériaux les plus utilisés. En Algérie, les données sur le sujet sont limitées. Seul le stade olympique semble avoir été fermé pour cause de désamiantage en 2001. Pas moins de 630 t d'amiante ont ainsi été extraites du stade pour être acheminées en France dans 71 conteneurs pour être détruites.