Désormais, les entreprises et toute institution du secteur public n'auront plus le droit de confier un quelconque mouvement d'affaires ou même de procéder à l'ouverture de comptes au niveau des banques privées. L'interdiction est officielle, puisqu'une instruction claire vient d'être adressée par les pouvoirs publics à l'ensemble des gestionnaires des administrations et ceux des autres entreprises du secteur d'Etat. La note en question, révèlent des sources sûres, ne précise cependant pas quelles sont les banques privées visées. D'autant que, aujourd'hui, il ne reste plus sur le marché qu'un seul établissement privé national, la CA Bank. Le reste est essentiellement constitué par des banques privées étrangères telles BNP Paribas, Société générale, Rayan Bank, Arab Bank, City Bank, ou encore plus récemment Housing Bank. Il semble, selon la lecture de nos sources, que si le texte portant une telle interdiction n'a pas jugé utile de spécifier la nature des capitaux, voire leur nationalité et qu'il a juste mentionné le caractère privé de la banque, l'application de cette instruction pourrait sans équivoque être exclusivement faite aux établissements privés. C'est-à-dire que même les banques étrangères activant sur le marché algérien se verront désormais boudées par les capitaux du secteur public. En clair, aucun organisme public ne sera autorisé à procéder à l'ouverture de compte auprès d'une banque privée qu'elle soit nationale ou étrangère. Vue de près, cette note qui intervient au lendemain du scandale El Khalifa Bank et de la débâcle que connaît le secteur bancaire privé et du débat sur la responsabilité ou non des uns et des autres sur ce chapitre douloureux et chèrement facture, véhicule une valeur d'avant ratio de prudence sur la gestion des capitaux publics et leur orientation. De même qu'il n'est pas exclu que les pouvoirs publics aient décidé de passer à l'action pour rediscipliner la sphère financière et d'endiguer tout risque de mauvaise surprise. Il est vrai aussi que cela a valeur de retrait de confiance aux banques étrangères implantées en Algérie et qui ont déjà été interpellées par le ministre des Finances dans un passé récent les incitant à cesser de faire exclusivement du commerce extérieur et les appelant à s'investir dans le financement de l'économie. Il leur avait même demandé d'augmenter leur capital à cette fin. Or, aujourd'hui, avec la nouvelle disposition, une autre lecture suggère que la mesure vise certaines banques étrangères qui disposent en Algérie d'une ou de deux agences seulement, mais qui se sont permis de piloter des crédits syndiqués pour des projets d'envergure où la ressource mobilisée appartient paradoxalement aux banques publiques de la place. Il est aussi un tant soi peu reproché à certaines de ces banques étrangères de sélectionner leur clientèle et de ne s'intéresser qu'à des success-stories sans prendre d'autres formes de risques. Ainsi, après la fameuse appréhension sur les chèques émanant des banques privées, il semble que la méfiance soit autrement redimensionnée puisqu'elle concerne désormais la structure privée de ces établissements. Il y a dans cette disposition inattendue comme un désaveu à l'autorité monétaire, la Banque d'Algérie en ce sens où c'est sous son autorité et sous son contrôle qu'ont lieu des opérations d'interbancarité. A. W.