La problématique de la démocratie et des libertés en Algérie a constitué un des sujets phares des débats animés ce week-end à l'université d'été du RCD. Sous le thème “Démocratie et liberté d'expression”, trois conférenciers Rabah Abdellah, le secrétaire général du syndicat national des journalistes (SNJ), Me Miloud Brahimi avocat et militant des droits de l'homme et Brahim Brahimi, professeur d'université, spécialiste dans les sciences de l'information et de la communication se sont accordé à constater “un net recul en matière de liberté d'expression en Algérie depuis l'élection présidentielle du 8 avril dernier”. Prenant la parole en premier lieu, Rabah Abdellah a appuyé son constat par l'emprisonnement des journalistes : “Nous avons deux journalistes en prison : Mohamed Benchicou et Hafnaoui Ghoul. Nous sommes l'un des rares pays au monde où les journalistes sont jetés en prison”, a-t-il indiqué tout en expliquant que les amendements du code pénal votés par le Parlement en juillet 2001 “préparaient en fait le cadre juridique pour l'emprisonnement des journalistes”. Le secrétaire général du SNJ exprime à ce propos des craintes de voir d'autres journalistes incarcérés dans l'avenir. “Il y a au moins 150 plaintes contre les journalistes déposées par le ministère public”, dit-il. En voulant s'immiscer dans l'éthique de la presse en instituant un code de l'éthique et de la déontologie pour la corporation, “le pouvoir fait peser d'autres menaces sur les journalistes”, dira le premier responsable du syndicat des journalistes. Selon lui, “si demain un journaliste se rend coupable d'un manquement à l'éthique, le pouvoir le lui fera payer”. C'est que “la liberté de ton de certains titres de la presse privée dérange le pouvoir après l'élection présidentielle du 8 avril dernier”, martèle le conférencier. Dans son intervention, Me Miloud Brahimi qui a fait le même constat de recul en matière de liberté d'expression a soutenu qu'il était “insupportable d'être dans un pays où il n' y a pas de démocratie et où la liberté de la presse est limitée”. Lui succédant, Brahim Brahimi arguera que la régression en matière de liberté d'expression se matérialise sur plusieurs fronts : d'abord, “la création d'une fédération d'éditeurs de journaux (FJA) et d'un syndicat de journalistes (SJA) qui ne représentent pas grand monde et qui essayent de fausser le débat sur l'organisation de la corporation de la presse”. Ensuite la préparation d'un nouveau code sur l'information “dans une période marquée par l'emprisonnement des journalistes et où les professionnels de la presse ne prendront pas part aux débats sur l'organisation de leur profession”. N. M.