Les observateurs y discernent les jalons d'un pôle politique qui incarnera une force de proposition et un réel contre-pouvoir. C'est aujourd'hui que s'ouvre l'université d'été du Rassemblement pour la culture et la démocratie à l'hôtel Matarès-Tipaza. Durant deux jours, les débats vont tourner autour d'un thème central: «Développement et libertés». Le rendez- vous qui intervient quatre mois après la présidentielle du 8 avril, qualifiée par le président du parti, le Dr Saïd Sadi de «hold-up électoral», sera une occasion pour ce parti qui n'avait pu atteindre le seuil de 1% des suffrages prononcés, de revenir sur la débâcle du 8 avril. Pour ce faire «des personnalités politiques de taille ont confirmé leur présence à cette rencontre afin d'enrichir les débats». Pour plus de précision, M.Khender, membre du bureau national, joint par téléphone hier, cite des personnalités ayant pris part au dernier scrutin. L'ex-secrétaire général du FLN, M.Ali Benflis, qui ne s'est plus manifesté depuis qu'il a jeté l'éponge de la direction de son parti, sera parmi les invités. Ahmed Benbitour, Benyellès, Mouloud Hamrouche, Ali Yahia Abdennour sont également attendus, aujourd'hui, à Matarès. Abdellah Djaballah, dont les divergences idéologiques avec le RCD ne sont plus à démontrer, n'a pas reçu d'invitation, même s'il a fait un bout de chemin avec Sadi, dans le cadre du groupe des dix, à la veille de l'élection présidentielle. L'on attend des confirmations de la part de Chérif Belkacem et Ahmed Taleb Ibrahimi qu, eux aussi, ont été destinataires d'invitations. Cette nouvelle tentative de redéploiement de l'opposition nationale enclenchée par le RCD nous renvoie étrangement à l'initiative qui avait vu le jour à quelques mois de l'élection présidentielle. Le groupe des dix, qui en a été le résultat, a néanmoins, fini par se disloquer et chacune des personnalités a fait cavalier seul pour la course à la magistrature suprême. La revendication principale du groupe qui tablait sur la démission du gouvernement Ouyahia est resté un voeu pieux. De nombreux observateurs avaient d'ailleurs prédit l'échec d'une initiative mort-née. Le RCD a-t-il l'intention de relancer le groupe pour faire face à l'autre pôle politique ayant vu le jour, lui aussi, à la faveur de la présidentielle, en l'occurrence l'alliance stratégique? «Le parti se réjouit de pouvoir servir de tribune de libre expression sur des questions de l'heure», tente d'expliquer M.Khender, tout en évacuant l'aspect alliance politique, arguant que la question n'est pas d'actualité. Dans un autre chapitre, la date arrêtée pour l'organisation de l'université d'été n'est pas fortuite. «elle coïncide avec la rentrée sociale et politique, deux évènements d'une importance extrême», précise notre interlocuteur. Ce dernier tient à rappeler que le RCD est la première formation à avoir organisé l'université d'été en 2000, «après les années noires». Cette rencontre intervient aussi après une traversée du désert pour le parti. Sur le plan interne, même si les dissidences n'ont pu, contrairement au FLN, avoir la tête de Said Saidi, accusé d'une gestion autoritaire du parti, elles ont néanmoins, affaibli d'une manière considérable cette formation, qui semble perdre du terrain même dans son fief, la Kabylie. Pour ce qui concerne le programme de ce week-end, il sera marqué, selon notre interlocuteur, par la qualité des intervenants. «Crise du système et crise de la nation», un chapitre intéressant qui sera développé, tour à tour, par Saïdi, Benflis, Benbitour, Hamrouche et Benyellès. «Il sera question de mettre en exergue l'impasse politique et sociale dans laquelle se débat le pays face à une gestion pour le moins chaotique des affaires», dira M.Khender. La refondation nationale, projet cher au RCD, sera pris en charge par Ali Haroun, membre de l'ex-Haut Comité d'Etat. D'autres sujets qui font l'actualité, tels que le code de la famille et les libertés d'expression sont programmés dans cette rencontre qui verra la participation aussi du Comité des libertés syndicales et le Syndicat national des journalistes.