Divisés par le conflit du Cachemire depuis 1948, date à laquelle les deux pays se sont livrés la guerre, le Pakistan et l'Inde semblent, cette fois-ci, déterminés à dépasser leurs querelles pour aboutir à une véritable paix, après un demi-siècle de conflits et de tension. Le pas franchi par le Premier ministre indien le 18 avril dernier, Atal Behari Vajpayee, qui a tendu la main de l'amitié à Pervez Musharaf a apparemment eu l'effet escompté. Son offre de normalisation entre New Delhi et Islamabad, a non seulement été acceptée par les Pakistanais, mais semble provoquer l'effet boule de neige. Aujourd'hui, le Pakistan est disposé à se débarrasser de son arsenal nucléaire, pour peu que l'Inde en fasse de même. “Nous avons déjà affirmé qu'il n'y a pas de problème pour notre sécurité, l'Inde et le Pakistan peuvent entamer une réduction de leurs forces et conclure un pacte de non-agression”, a déclaré le président pakistanais dans un entretien accordé à une chaîne de télévision privée. Il a lancé un appel à la dénucléarisation du sous - continent indien. “Si le conflit du Cachemire est résolu et s'il existe la paix et la sécurité dans la région, l'Asie du Sud-Est peut-être dénucléarisée, mutuellement par l'Inde et le Pakistan”, a-t-il notamment ajouté. Cette position a été réitérée par le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, qui a dit :" Si l'Inde est prête à dénucléariser, nous serons très heureux d'en faire autant. Voila des intentions franches de faire la paix définitivement avec un pays" ennemi”. Par cette offre, Islamabad met New Delhi au pied du mur. C'est au Premier ministre indien de faire le pas suivant pour introduire les deux pays dans une ère de paix, lui qui déclarait récemment “pendant combien de temps encore l'Inde et le Pakistan devront-ils continuer à se battre ?”. Atal Behari Vajpayee, surnommé “l'optimiste incurable” s'est déjà distingué par des gestes pacifiques depuis son arrivée au pouvoir, notamment son voyage en autocar à Lahore où il avait embrassé son homologue de l'époque, Nawaz Sharif. Il a fait une seconde tentative deux années plus tard en 2001 lors d'un sommet avec Musharaf, qui a achoppé sur la question du Cachemire. C'est cet épineux différend qui bloque toutes les tentatives de réconciliation entre les deux pays, estiment les analystes.) C'est un problème à traiter à long terme, avec une sincérité et une volonté politique qui ont fait défaut jusque-là, affirme un ancien ambassadeur pakistanais en Asie du Sud-Est. Le fait de faire baisser la tension entre les deux parties par le rétablissement des relations diplomatiques est un pas important dans la résolution du problème du Cachemire. Il faudrait maintenant que l'on traite le sujet sereinement, car le territoire, objet du litige, représente un intérêt particulier pour les Indiens, qui le considèrent comme un haut lieu de l'hindouisme, tout comme les Pakistanais, estiment que cette région à majorité musulmane leur revient de droit. Seule une solution négociée de la question réglera ce différend légué par l'ancienne puissance occupante de la région, à savoir la Grande-Bretagne. K. A.