Le Lashka-e-Taiba et le Hizb-ul-Mujahideen, militent pour le rattachement du Cachemire indien au Pakistan S. M. Krishna et Shah Mehmood Qureshi, respectivement ministres des Affaires étrangères de l'Inde et du Pakistan, les deux puissances nucléaires rivales d'Asie du Sud, tenteront aujourd'hui à Islamabad de relancer leur processus de paix interrompu après les attentats de Bombay du 26 au 29 novembre 2006 qui ont fait 166 morts. Les analystes notent que cette rencontre, résultat des pressions de Washington, est, en elle-même, une « chose positive». Ils estiment que les deux pays ne sont pas encore prêts à une réconciliation, tant leurs priorités sont différentes. New-Delhi martèle que le terrorisme est sa priorité numéro 1. Islamabad veut commencer par le problème du Cachemire qui s'enfonce dans la violence. La raison ? L'Inde attend du Pakistan des mesures contre le groupe Lashka-e-Taïba, qu'elle accuse d'être derrière l'attentat de Bombay. Pis, elle accuse les services de renseignements pakistanais d'avoir supervisé les attaques. Si le Premier ministre indien Manmohan Singh parle du soutien de «certaines agences officielles» au Pakistan, son secrétaire à l'Intérieur implique directement les services pakistanais. «L'Inter-Services Intelligences a littéralement contrôlé et coordonné les attaques de Bombay du début à la fin», dit-il. Islamabad qui a poursuivi en justice sept personnes soupçonnées d'avoir été impliquées dans les attaques, nie toute implication de ses services. Comme narguer New Delhi, elle ferme l'œil sur le Lashka-e-Taiba et le Hizb-ul-Mujahideen, qui militent pour le rattachement du Cachemire indien au Pakistan et laisse New Delhi dénoncer son soutien à l'insurrection cachemirie qui aurait fait 47 000 morts. Les Etats-Unis et les pays de l'Alliance atlantique qui ne souhaitent pas voir la rivalité indo-pakistanaise se raviver au moment où, dans la région, les Talibans reprennent du poil de la bête, notamment à Kaboul. Yousuf Raza Gilani, le Premier ministre pakistanais, défend son pays de toute velléité de blocage. Selon lui, ces discussions, après la tentative au niveau des secrétaires aux Affaires étrangères en février dernier à New Delhi en marge d'un sommet régional au Bhoutan seront «fructueuses» si l'Inde se prononce pour des solutions négociées à tous les différends et «oublie» ses accusations des services de renseignements pakistanais. Depuis leur indépendance en 1947, trois guerres ont opposé les deux voisins qui se livrent à des tirs quasi quotidiens le long de la «Ligne de contrôle» ligne de démarcation séparant leurs armées dans la région disputée du Cachemire.