Cette politique expansionniste en matière de dépenses remet sur le tapis la question de l'utilisation à bon escient de l'argent public. Le gouvernement a annoncé que 50 milliards de dollars seront mobilisés pour la mise en œuvre du plan de relance bis, étalé sur cinq ans, soit en moyenne 10 milliards de dollars/an. C'est énorme. En comparaison avec le premier programme d'une durée de trois ans et d'un coût de 7 milliards de dollars. Ce qu'il faut savoir des premières indications officielles, le contenu du plan n'étant pas encore dévoilé, c'est qu'il sera financé sur l'argent public, plus précisément à partir des recettes fiscales. L'Exécutif table donc sur l'effort interne, le compter sur soi et non sur les crédits extérieurs pour mettre en œuvre ce programme. Ce qui a été occulté, c'est que ce plan Marshall en faveur de la modernisation des infrastructures du pays et la lutte contre la pauvreté ne résulte que d'une expansion des dépenses au titre du budget d'équipement, rendue possible par la croissance des recettes hydrocarbures – le baril de pétrole algérien se vend actuellement à plus de 40 dollars. On s'attend en effet, à des rentrées en hydrocarbures en 2004 de l'ordre de 30 milliards de dollars, si la flambée des prix se poursuit d'ici à la fin de l'année. Ce qui est fort probable, compte tenu de la conjoncture internationale difficile. De façon plus précise, il est prévu que les dépenses d'équipement passent de 2 000 milliards de dinars (période 1999-2003) à 4 000 milliards de dinars de 2005 à 2009. En fait, on passe d'une dotation budgétaire d'environ 700 milliards de dinars en 2004 à 900 milliards de dinars/an à partir de 2005. La projection est soutenue par une croissance envisagée des exportations de pétrole et de gaz au cours de la période. Mais l'Algérie n'est pas à l'abri d'un retournement du marché pétrolier. Ce plan de relance sera compromis dans ce cas. Car le budget de l'état reste très dépendant des recettes fiscales pétrolières qui constituent 60 % des entrées fiscales. À moins que l'épargne budgétaire constituée en 2003 et 2004 puisse assurer la mise en œuvre du plan au cours des premières années. Dans ce scénario pessimiste, les difficultés de financement pourraient surgir alors à partir de la troisième année. À contrario, différents experts pétroliers accréditent de plus en plus la thèse selon laquelle nous sommes entrés dans un cycle de baril de pétrole cher. Dans ce cas, le plan pourra être aisément mis en œuvre. Par ailleurs, l'Exécutif, très prudent, n'a pas tenu compte des prêts, par exemple français, notamment 1 milliard d'euros de crédits concessionnels qui serviront à ce que les sociétés françaises décrochent des contrats qui, vraisemblablement, vont porter sur des projets faisant partie du plan de relance bis. Le geste français sera sans doute imité par les principaux partenaires de l'Algérie, en particulier l'Italie et l'Espagne. L'Exécutif n'a pas tenu compte également de l'effet des opérations d'allégement de la dette sur le budget. Si les conversions de dette et les remboursements par anticipation réussissent, les paiements budgétaires au titre de la dette publique seront allégés. De l'argent supplémentaire donc pour financer d'autres dépenses publiques. Mais la préoccupation fondamentale reste l'utilisation de cet argent public. En ce sens, les leçons de la mise en œuvre du premier plan de relance ont-elles été tirées ? Il y a eu indéniablement gaspillage de l'argent public, à travers les surcoûts engendrés par le mauvais choix de terrains, d'entreprises de réalisation, la surconsommation de matériaux de construction et les insuffisances du contrôle et du suivi des travaux. Sans que les pouvoirs publics en soient comptables. Nous sommes donc au point de départ : un outil de réalisation local limité et des donneurs d'ordre face à de gros problèmes d'efficacité de la dépense. Dont la traduction est l'important retard dans la prise en charge des besoins élémentaires des citoyens. N. R.