Créer l'éveil chez les citoyens pour s'impliquer dans la gestion des affaires qui la concernent, développer le civisme et pourquoi pas, à terme, former une grande fédération des associations pour agir ensemble : voilà en somme à quoi s'attelle le Forum algérien pour la citoyenneté et la modernité. Créée en novembre 1999 dans le sillage de l'élection de Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême, cette association, inconnue jusque-là chez le commun des Algériens, a pourtant beaucoup d'ambitions. D'une part, elle se veut être un espace ouvert aux compétences nationales dont les “actions, basées sur des repères et valeurs universelles, visent l'innovation et la promotion de la citoyenneté et de la modernité”, et d'autre part, elle se veut aussi une force de proposition à même de “contribuer au débat national sur les grandes questions intéressant la vie des citoyens”. C'est ainsi que, régulièrement, elle organise des journées de réflexion sur des thèmes divers assorties de recommandations lesquelles sont soumises “aux décideurs”, pour reprendre la formule de son président, M. Sbia Nourredine. Hier, c'était la problématique de “la gouvernance, entre l'action publique et la participation citoyenne” qui était au menu de la journée d'étude organisée à l'hôtel El-Aurassi à Alger. Pour quelle finalité ? “Il s'agit pour le forum de tenter de définir et de développer, à la lumière des aspirations citoyennes, le cadre d'une démocratie participative réelle et concrète, portée haut par toutes les forces vives de la nation, acceptée, respectée, entretenue et protégée à la fois par l'Etat et le citoyen”, comme l'a expliqué Sbia dans son allocution d'ouverture. De son côté, François Henri Morand, représentant du programme des Nations unies pour le développement (Pnud) à Alger estime qu'il “est important que les citoyens participent à la gestion des affaires publiques”. Quant au représentant de l'Onudi, il a insisté sur le rôle que doivent jouer les ONG pour améliorer la justice et le système bancaire, des impératifs à même de créer l'environnement indispensable à l'investissement. D'autres interventions d'experts sont également prévues et un atelier destiné à élaborer un ensemble de recommandations à soumettre aux décideurs “a été mis en place”. En dépit de la qualité des débats qu'elle organise et des potentialités qu'elle recèle, il n'en demeure pas moins que les objectifs de cette jeune association restent pour le moins flous d'autant que certaines questions sensibles sont évacuées d'un revers de la main. Ainsi, au sujet du code de la famille, le président du forum s'est montré évasif en se contentant d'affirmer qu'”on va l'inscrire à l'ordre du jour”. Pis, il ne trouve pas qu'il y ait recul des libertés dans le pays, un contraste saisissant avec la promotion de la citoyenneté et de la modernité dont le forum fait la devise. Le forum va-t-il devenir un parti politique ? “Non”, répond Sbia. C'est à se demander finalement si ce forum ne constitue pas au mieux une “rampe de lancement” pour d'éventuelles nominations dans les rouages de l'Etat, au pire à jouer le rôle “d'absorbant” du mouvement associatif. K. K.