George W. Bush et John Kerry seront face à face jeudi pour la première fois de la campagne lors d'un débat télévisé qui s'annonce musclé et peut être déterminant pour l'élection présidentielle du 2 novembre. L'importance de l'événement est telle que les deux candidats se sont isolés ce week-end pour mieux se préparer. Ils devraient aussi drastiquement réduire leurs apparitions publiques d'ici à jeudi. Des dizaines de millions de téléspectateurs sont attendus devant leur petit écran pour suivre, ce jour-là à partir de 21 h (1 h GMT vendredi) en direct de l'université de Miami (Floride), les 90 minutes du premier des trois débats prévus jusqu'au14 octobre. Tous les quatre ans, ces joutes oratoires marquent un moment intense de la campagne présidentielle qui se joue en partie sur l'image et l'assurance que dégagent les candidats. Etant donné les enjeux de cette élection, ces débats devraient attirer plus de téléspectateurs qu'aucun autre depuis ceux ayant opposé George Bush père à Bill Clinton en 1992 devant 67 millions de paires d'yeux. Un électeur sur trois prévoit, en effet, de suivre les trois face à face et 49% au moins une partie d'entre eux, selon un sondage à paraître dans l'hebdomadaire Time. Parmi les électeurs affirmant soutenir l'un des deux candidats, un quart d'entre eux indique pouvoir changer d'avis après les avoir vus. John Kerry a le plus à gagner de ces confrontations. Le sénateur du Massachusetts (nord-est) est, en effet, bien moins connu que l'hôte de la Maison-Blanche, omniprésent dans les médias depuis quatre ans. Il occupe également la position de challenger, légèrement devancé dans les sondages et jugé moins sympathique que George W. Bush. 44% des Américains voient d'ailleurs le président gagner les débats contre 32% Kerry, selon le sondage de Time. John Kerry considère comme “importante”, mais “pas décisive” cette série de débats. “Il va falloir que je me présente avec clarté aux Américains”, a-t-il récemment précisé, alors que son entourage l'exhorte à simplifier son élocution, très élaborée mais trop verbeuse. Le style de George W. Bush est à l'opposé bâti sur des phrases courtes et des formules fortes, agrémentées de remarques d'autodérision. Le ton du premier duel sera certainement très sérieux, voire vif, car il sera consacré aux questions les plus polémiques de la campagne, la politique étrangère et la sécurité nationale. John Kerry a lancé ces derniers jours de virulentes critiques contre l'invasion de l'Irak, qu'il présente comme “une diversion” ayant empêché les Etats-Unis de mener efficacement la lutte contre Al-Qaïda. M. Bush dénie, pour sa part, toute “crédibilité” à son adversaire pour garantir la sécurité des Etats-Unis. R. I.