Au moment où l'on s'attendait peut-être à ce que la route qui mène au Caire soit déblayée par un éventuel sursaut d'orgueil des Verts face au Rwanda, les Algériens ont eu droit à une autre prestation de misère qui en dit long sur le gros travail qui reste à faire pour le nouveau sélectionneur national. Venu en pompier après que son prédécesseur eut semé le désarroi et le défaitisme à coups de millions de dinars, Ali Fergani a eu toute l'attitude, hier, au stade de Kigali, de constater les dégâts. Les coéquipiers de Mansouri n'ont guère réussi à faire la différence et encore moins à matérialiser le discours prôné à Alger marqué par une grande volonté de se ressaisir après la débâcle face au Gabon. Face à une modeste mais volontaire formation rwandaise, les Verts s'en sortent même à bon compte, si l'on comptabilise le nombre d'occasions ratées par les Rwandais en fin de match. À l'arrivée, il faudra désormais un extraordinaire exploit dans ces éliminatoires de la CAN (pour le mondial, les carottes sont déjà cuites) pour espérer rattraper le retard accusé jusque-là sachant qu'il ne reste plus que cinq matches à jouer à partir du mois de mars prochain. Un miracle qui passera nécessairement par le plein à domicile et des victoires obligatoires à l'extérieur. Régulièrement présent à la CAN depuis 1980, si l'on excepte celle de 1994 (affaire Karouf), l'Algérie risque donc de ne pas figurer cette fois-ci dans le gotha des pays africains. Une humiliation, encore une autre, qui risque de précipiter la chute de l'actuelle équipe dirigeante de la FAF. Pourtant, hier, sur une pelouse certes à peine praticable, il y avait largement de la place pour arracher un résultat probant, c'est-à-dire la victoire. Avec une meilleure organisation sur le terrain, et surtout des velléités offensives, le match aurait pu prendre une autre tournure pour les Algériens. En dépit, d'une première réalisation du Rwanda dès la 9' par l'intermédiaire de Saïdi Abeb, suite à une bévue monumentale de la défense, les Verts répliqueront rapidement avant de parvenir à niveler la marque grâce à Bourahli (13'), sans doute le meilleur algérien hier sur le terrain. Six minutes plus tard, le capitaine Dziri dont c'était le retour en EN rate de peu le coup de grâce après avoir botté magistralement un coup franc direct que le gardien adverse sauve en catastrophe. L'on pensait dès lors que les Algériens allaient reprendre du poil de la bête pour prendre le jeu à leur compte. Loin s'en faut. Les Rwandais reprirent le dessous et parviennent à dominer les débats. Beloufa sauve les siens d'un but certain à la 30'. Du coup, la pause tombe à point nommé pour les visiteurs. Bref, ce n'était qu'un petit répit, puisque dès la reprise, un attaquant rwandais écrase une tête rageuse sur le poteau de Benhamou. Acculés, les Verts optent pour le contre. Bourahli, encore lui, passe à deux doigts d'un but inespéré. D'une talonnade splendide, il a failli jeter l'émoi à Kigali (73'). En fin de match, les Rwandais tentent de forcer la décision mais Benhamou, dans un grand jour, annihile toutes les tentatives avec énormément de brio. Hier, il aura vraiment sauvé ses coéquipiers d'un autre désastre même si le résultat final n'a rien de reluisant sauf peut-être pour les éternels “médahine”. À noter qu'en fin de la partie, l'arbitre soudanais du match a refusé deux buts pour des positions de hors jeu. Le premier pour le Rwanda et le second inscrit dans les temps morts par Boutabout. Ali Fergani “Je pense que le nul est équitable dans la mesure où le jeu était équilibré. Nous avons été cueillis à froid, mais heureusement que Bourahli a surgi au moment opportun. L'équipe adverse a opté pour un jeu musclé et nos joueurs ont su les contrecarrer. Dans l'ensemble, je suis satisfait par le rendement de mon équipe et la qualification pour la CAN 2006 demeure jouable. Il faut tenir en compte aussi l'état déplorable de la pelouse qui a terriblement gêné mes joueurs. Désormais, nous avons cinq mois devant nous pour apporter les correctifs nécessaires et préparer convenablement le prochain match contre le Rwanda en mars 2005.” S .B.