C'est si vrai qu'avant de frapper les Etats-Unis en septembre 2001, Al-Qaïda de Ben Laden a d'abord fait un carnage en Tanzanie et au Kenya, en 1998. Les politiques d'enfermement sur soi et l'obsession pathologique de l'ennemi extérieur qui les a accompagnées n'ont jamais été des signes d'Etats réellement forts. La fin du siècle dernier a bien été marquée par l'écroulement des murs et des mythes. Le continent africain n'a pas échappé à ces mutations. Entre sollicitations démocratiques et perméabilité à des invasions d'un nouveau type venu d'ailleurs, l'Afrique a bel et bien pris sa part, une grande part, des fléaux déstabilisateurs d'ancrages séculaires. Le terrorisme, notre continent l'a vécu dans sa chair, subissant ses effets ravageurs et payant souvent pour d'autres du seul fait de positions géographiques et de confluences sociales et historiques. C'est si vrai qu'avant de frapper les Etats-Unis en septembre 2001, Al-Qaïda de Ben Laden a d'abord fait un carnage en Tanzanie et au Kenya, en 1998. Mais avant que le terrorisme n'apparaisse dans toute l'horreur de sa dimension transnationale, des pays ont d'abord dû y faire face seuls, doublement pénalisés par un combat sans soutien extérieur notable et une insupportable suspicion sciemment entretenue sur le sens de leur lutte par les “bien-pensants” du monde développé. C'est le cas, exemplaire à bien des égards, de l'Algérie que l'intégrisme islamiste importé sur son sol par le wahhabisme saoudien et moyen-oriental a mise dans son collimateur bien avant l'“Occident judéo-chrétien”. Fort heureusement, son rôle de précurseur dans la lutte antiterroriste a fini par lui être reconnu, d'abord sur son continent d'appartenance, faut-il souligner. En témoigne la tenue, à Alger – les 13 et 14 octobre prochains —, pour la deuxième fois consécutive, de la réunion intergouvernementale des experts de l'Union africaine sur la prévention et la lutte contre le terrorisme. Il est évident que le choix de l'Algérie n'est pas fortuit, mais qu'il a été fait et accepté eu égard à l'expérience irremplaçable qu'elle a engrangée dans ce domaine. Il reste cette vision unitaire qui doit accompagner cet effort continental pour éradiquer un mal qui menace chaque Etat individuellement. Là, le tableau est moins reluisant. Le Maroc, à son tour en proie à une violence intégriste qui ne s'est pas encore dévoilée dans son ampleur, ne sera pas présent à ces deuxièmes assises d'Alger pour cause de… conflit sahraoui. Le royaume alaouite l'apprendra à ses dépens : sans le soutien et la coopération de ses voisins, il ne viendra pas à bout de “son” terrorisme. A. H.