Une telle mise au point ne peut être adressée qu'à celui qui, dans la clandestinité, avait instruit le procureur en question de prendre langue avec le détenu et de sonder sa disponibilité à coopérer en contrepartie de sa libération sans délai. Le procureur du tribunal militaire de Blida vient d'être relevé de ses fonctions pour avoir tenté une médiation auprès du numéro deux du FIS dissous. Le fait n'a rien de banal et l'on devrait se garder de n'y voir qu'une simple mesure disciplinaire et administrative prise à l'encontre d'un haut fonctionnaire par sa hiérarchie. Cette mesure sonne comme une mise au point à la teneur politique indiscutable, voire comme un “rappel à l'ordre”, silencieux comme l'exige l'usage en la matière, mais offensif et déterminé comme le commandent les enjeux de l'heure et ceux immédiatement à venir. Une telle mise au point ne peut être adressée qu'à celui qui, dans la clandestinité, avait instruit le procureur en question de prendre langue avec le détenu et de sonder sa disponibilité à coopérer en contrepartie de sa libération sans délai. La presse en avait fait état, reprenant et citant plusieurs sources, dont certaines s'étaient exprimées en public, quelquefois devant tout un parterre de journalistes : le président de la République, M. Bouteflika, était l'initiateur de cette médiation avortée. Le message de la hiérarchie militaire lui est donc destiné, et cela n'est pas dénué d'intérêt dès lors qu'il s'agit, pour lui, de réunir d'ores et déjà les conditions idéales pour sa réélection au printemps 2004. Réunir les conditions idéales pour un tel dessein, une libération anticipée, même de peu, de Ali Benhadj pourrait y contribuer grandement. Mais la mise au point ne vaut pas que pour le locataire actuel d'El Mouradia. Elle vient démentir toutes les déclarations officielles qui, par pudeur déplacée ou tout simplement par commodité, ressassent la “parfaite cohésion” entre Bouteflika et la hiérarchie militaire comme avait tenu à le marteler Mme Khalida Toumi lors d'un récent point de presse. La porte-parole du gouvernement s'est bien gardée de le réaffirmer hier au Centre international de presse ou elle rencontrait les journalistes. Elle n'a pas eu tort : personne ne l'aurait crue. S. C.