Selon le procureur, une quarantaine de P-DG d'entreprise publique sont inculpés dans le cadre de l'affaire Khalifa. Dans un point de presse animé hier, au siège de la cour d'Alger, en marge des journées portes ouvertes sur la modernisation de la justice, le procureur général de la cour de Blida et le président de cette cour se sont exprimés sur différentes affaires de l'actualité judiciaire, dont l'affaire Khalifa, l'affaire Mohamed Bouricha, l'affaire de dilapidation du foncier agricole et la réconciliation nationale. C'est ainsi, concernant l'affaire Khalifa, que le procureur général révèle qu'une quarantaine de P-DG d'entreprise publique sont inculpés. “Il y a ceux qui ont déposé l'argent public à El Khalifa Bank avec de bonnes intentions, car cette banque offrait des avantages alléchants en matière de bénéfices, et il y a ceux qui l'ont fait en contrepartie de commissions. Il nous fallait des preuves avant d'inculper qui que ce soit”, dit-il en ajoutant que “plus de 100 personnes sont inculpées dans cette affaire et 6 (dont l'ex-DG d'El Khalifa Bank, décédé) placés sous mandat de dépôt”. “C'est dire que la procédure de détention préventive a été respectée et il n'y a pas eu d'exagération en matière de détention préventive, malgré la gravité de cette affaire”, poursuit-il. Le procureur général de la cour de Blida annonce le début du procès Khalifa pour la fin juin ou le début du mois de juillet de l'année en cours “si tout va bien”. “L'enquête suit son cours et nous enquêtons sur toutes les infractions commises dans cette affaire”, ajoute ce procureur général, laissant entendre que d'autres personnes pourraient être inculpées. Il dément, toutefois, l'information parue, il y a quelques jours, dans les colonnes d'un quotidien national et selon laquelle “des Français et des gens du Golfe sont inculpés dans l'affaire Khalifa”. “Je démens cette information et je démens avoir tenu de tels propos. J'avais pourtant répondu au journaliste auteur de cet article qu'il n'y a aucun Français et aucune autre personne du Golfe inculpés dans cette affaire”, dit-il. Le procureur général de la cour de Blida annonce, par ailleurs, l'installation de commissions rogatoires entre l'Algérie et d'autres pays, dont l'Allemagne et la France, pour l'échange d'informations sur l'affaire Khalifa et ce, dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d'argent. À une question relative à l'affaire des 50 milliards de centimes amassés lors du Téléthon pour venir en aide aux sinistrés des inondations de Bab El-Oued, argent déposé à El Khalifa Bank, le procureur général dit que “l'instruction judiciaire sur l'affaire Khalifa concerne tout l'argent déposé à El Khalifa Bank”. Evoquant l'éventualité de l'extradition de Abdelmoumène Khalifa vers l'Algérie, il annonce que “les négociations sont en cours entre les autorités judiciaires algériennes et anglaises pour la signature d'un accord d'extradition, notamment l'extradition de Abdelmoumène Khalifa et nous gardons espoir quant à son extradition, un jour, vers l'Algérie”. Et d'ajouter : “Les affaires d'extradition prennent du temps et vous avez l'exemple de l'extradition de Rachid Ramda vers la France, par les Anglais : une dizaine d'années après les attentats de Saint-Michel.” Quant à l'affaire de Mohamed Bouricha, ex-wali de Blida, le procureur général de Blida annonce que le dossier a été transféré vers “la Cour suprême qui statuera sur les suites à donner à cette affaire”. Il signale aussi que deux personnes, dont le responsable de Jutop, ont été placées sous mandat de dépôt pour des affaires de dilapidation de foncier. “Le seconde personne a été placée sous mandat de dépôt, la semaine dernière, par le tribunal de Tipasa, en pleine audience”, dit-il, ajoutant que “le responsable de Jutop est accusé de faux et usage de faux et d'abattage d'arbres”. “J'ai reçu plus de 1 000 P-V, dont 400 sont en instruction dans le cadre de l'enquête ouverte sur la dilapidation du foncier agricole dans la wilaya de Blida, une partie de la wilaya d'Alger et une partie de la wilaya de Tipasa. 568 personnes sont inculpées dans ces affaires, dont 122 ont bénéficié de la liberté provisoire, 26 mises sous contrôle judiciaire et deux placées sous mandat de dépôt”, a-t-il annoncé. En ce qui concerne l'application de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale, “des contacts existent avec des groupes terroristes, dont le GIA, pour leur repentir”, dira le procureur général de la cour de Blida. Et d'enchaîner : “Des personnes en fuite nous ont contactés via des ambassades et des consulats algériens à l'étranger.” Il donne des chiffres sur l'application de la charte. Depuis le début de son application, la cour de Blida a enregistré quatre libérations par les juges d'instruction dont deux ont bénéficié de l'exonération de poursuites judiciaires. 55 affaires ont été transférées vers la chambre d'accusation depuis le 6 mars de l'année en cours. 55 détenus ont bénéficié de l'ordonnance présidentielle 01/06 et 67 personnes non détenues ont bénéficié de cette ordonnance présidentielle. 14 personnes en fuite se sont rendues, dont dix ont bénéficié de l'annulation de poursuites judiciaires à leur encontre. Les dossiers des autres ont été transférés vers la chambre d'accusation. Malek T.