L'explication réside dans le fait que l'autorité militaire s'oppose à la libération du numéro 2 du FIS dissous. Le procureur du tribunal militaire de Blida a été suspendu de ses fonctions cette semaine. Selon une source proche du barreau de Blida, cette sanction est liée à “l'affaire de la libération de Ali Benhadj”, le numéro deux de l'ex-FIS, et aux émissaires du président de la République qui l'avaient rencontré. Selon nos sources, ce qui était une simple formalité entrant dans le cadre des prérogatives du magistrat militaire a pris une autre tournure. En effet, dans le courant du mois de ramadhan qui vient de s'écouler, le procureur militaire avait effectué une inspection de routine des cellules de la prison, dont celle où est incarcéré Ali Benhadj. C'est à partir de là que l'information faisant état de sa probable libération et de la visite d'émissaires envoyés par le président de la République a circulé. Son avocat, qui lui a rendu visite trois jours après le passage du magistrat militaire, a alerté l'opinion publique sur une prétendue médiation avec la Présidence au sujet de la libération du numéro deux de l'ex-FIS. Selon nos sources, Ali Benhadj aurait déclaré à son avocat qu'il avait reçu des émissaires envoyés par le président de la République en vue de sa prochaine libération. C'est aussi ce qui a permis à maître Ali Yahia Abdenour d'annoncer la libération du cheikh du FIS le 27e jour du mois de ramadhan ou, au plus tard, le jour de l'Aïd. Un avocat, très proche du parquet militaire, nous indiquera que la famille de Ali Benhadj a confirmé hier, à l'issue de la visite qu'elle a rendue au pensionnaire de la prison militaire de Blida, que Ali Benhadj s'est entretenu “longuement” durant le mois sacré avec le procureur militaire qui était accompagné de ses collaborateurs et du directeur de la prison, mais n'a pas dévoilé le contenu de cet entretien. Notre interlocuteur ajoutera que Ali Benhadj serait libérable en juin 2003 et qu'il conditionne sa libération avant terme par la reconnaissance par le pouvoir que sa détention est arbitraire. Par ailleurs, cette annonce n'est pas un ballon-sonde comme le pouvoir a l'habitude d'affectionner. Selon nos sources, l'autorité militaire a sanctionné le procureur militaire et son staff parce qu'elle leur reproche d'être des partisans de Bouteflika. D'autant plus que les magistrats sanctionnés sont tous de Tlemcen, nous avouera notre source. Quelle lecture peut-on faire quand une inspection de routine d'un magistrat est interprétée par l'autorité militaire comme une médiation de la présidence de la République pour une éventuelle libération du détenu ? Le procureur militaire de Blida, qui est en poste depuis 1996, gère le dossier des dirigeants du FIS et, à ce titre, il a rendu plusieurs fois visite à Ali Benhadj dans sa cellule et s'est entretenu à chaque fois avec le détenu. Qu'est-ce qui différencie la dernière visite de celles effectuées auparavant ? La seule explication plausible réside dans le fait que l'autorité militaire s'oppose à la libération de Ali Benhadj et qu'elle ne cautionne aucune tractation dans ce sens. M. A.